Aide aux sans-abri : des handicapés viennent prêter main forte aux éducateurs
2011-06-15 10:09:43.453

« Tu veux un café ? » Les sans domicile fixe approchés par les éducateurs du 115 connaissent cette phrase par coeur. Mais depuis quelques mois, le jeudi soir, ce sont des personnes handicapées qui leur apportent un peu de réconfort. Odile, hébergée par l'APEI des Papillons Blancs est de ces volontaires. Toujours partante, toujours souriante !
Le centre ville de Douai résonne des fermetures des derniers rideaux de fer. Il est temps pour Arnaud, éducateur spécialisé au 115 et Abdel, le conducteur, de prendre la route. La célèbre camionnette jaune des Compagnons de l'espoir a du chemin à parcourir. Comme tous les soirs, hiver comme été.
Odile arrive les bras chargés de sandwiches. « C'est nous qui les avons faits cet après-midi », explique fièrement la jeune femme, accompagnée d'Hongwai, dit Lung, son éducateur (lire ci-dessous). Ce n'est pas une première pour elle. « C'est la cinquième fois ! Je suis habituée... », dit-elle timidement. Ce soir, Odile change d'univers. Elle va être confrontée à des situations qui peuvent être exceptionnelles pour elle. Pourtant, tout au long de la soirée, elle ne montrera pas de signe de fatigue et servira la soupe préparée la veille, discrètement, toujours.
Arnaud Bouville approuve l'arrivée de ces nouveaux compagnons de route. « Les SDF sont confrontés à un comportement différent, ils se rendent compte d'autres difficultés et sont plus attentifs à cela. » Direction une ruelle du centre ville. Un couple attend la camionnette. Odile et Lung mettent la main à la pâte pour offrir cafés et sandwiches. Arnaud en profite pour s'enquérir de la situation des jeunes, des démarches en cours. Il les félicite pour leurs efforts. « Le sandwich, c'est toujours un prétexte », rappelle l'éducateur en grimpant dans le véhicule.
La gare. Un jeune homme de 18 ans approche, guidé par Arnaud. La conversation se noue. Odile observe discrète. On parle de la Mission locale, Abdel s'assure que le garçon est équipé de couvertures, Odile propose un deuxième café. Un peu surpris par l'élocution hésitante de la jeune femme, Christopher accepte, non sans renvoyer son sourire à la demoiselle.
Chaque soir, surtout aux beaux jours, le 115 reçoit une vingtaine de demandes. Couvertures, eau, nourriture. D'Orchies à Arleux, de Douai à Pecquencourt, les soirées s'égrènent au fil des histoires de ces hommes qui échouent dans la rue. Place d'Armes, Arnaud reconnaît l'un d'entre eux. Cette fois, pour tous, la rencontre sera plus violente : il est ivre, allongé sur le sol et accuse une grosse fatigue. Il refuse d'être hospitalisé. Odile apporte plusieurs verres de soupe, mais reste à l'écart. Lung s'assure que tout va bien pour elle. « Je suis habituée ! » répète-t-elle encore. Les « officiels » du 115 s'occupent du SDF, qui reprend des forces. Et lui promettent de repasser. Pour Lung aussi, l'épreuve n'est pas simple. Qu'il soit aux Papillons Blancs ou au SAMU social. « Des fois, on souffre pour eux, ce n'est pas toujours facile. Mais on fait le maximum. » Son action pour faire tomber les barrières en est la preuve. Tout comme la motivation sans faille d'Odile. Qu'elle traduit par un pudique « C'est bien. » Ponctué de son indétrônable sourire.
Article original sur La Voix du Nord
Retour sur Rencontre-HandicapDans le viseur de Vanessa pour dépasser le handicap
2011-06-14 08:18:51.265

'' Un visage discret '', c'est le beau projet de Vanessa Pingard : une collection de 50 portraits pour voir les personnes plutôt que leur handicap.
J 'ai toujours été une militante des luttes contre la discrimination, mais en travaillant dans le milieu du handicap, je me suis rendu compte que j'avais moi-même des représentations erronées des personnes concernées. Et quel meilleur moyen de combattre les clichés que d'utiliser la photographie, surtout lorsqu'on est comme Vanessa Pingard une passionnée de l'objectif ?
Animatrice depuis un an de l'association départementale Tandem à Blois, la jeune femme avait envie de mettre en lumière ces gens « extrêmement discrets, dont on ne parle jamais, qu'on ne voit pas ou si peu, à l'exception de la grande foire du Téléthon ».
Pour ça, Vanessa a eu envie d'utiliser le portrait classique, en noir et blanc et en argentique, « pour une image singulière, dans une démarche artistique ». Mais aussi parce que les personnes en situation de handicap n'ont pratiquement jamais l'occasion d'être prises en photo dans un véritable studio. « Les portraits seront réalisés grâce à un studio mobile, qui me permettra de réellement mettre en valeur la personne, et pas son fauteuil, explique la jeune femme, mais je ferai aussi du reportage sur leurs lieux de vie. Parce que les gens qui travaillent avec elles, autour d'elles, méritent également d'être mis en lumière. »
Dès ce mois de juin
Le soutien inconditionnel d'Alexandre Chaussard (Handisport), des liens avec les Papillons blancs et ses propres rencontres ont permis à Vanessa Pingard de prendre contact avec des personnes prêtes à se faire tirer le portrait, ou des familles ravies qu'on leur propose une belle photo de leur enfant.
Grâce à l'obtention toute récente de deux aides financières, les prises de vue vont pouvoir démarrer dès ce mois de juin. « Le budget global de 3.900 € n'est pas encore bouclé, précise Vanessa Pingard, mais j'ai déjà du matériel personnel, quelques sponsors, et j'ai aussi rencontré des gens formidables comme la Maison de Bégon à Blois qui m'a fait cadeau d'un agrandisseur ! »
L'objectif est que la cinquantaine de portraits, sous forme de tirages 18 x 24, soit prête à être exposée au plus tard le 11 février 2012, date anniversaire de la loi handicap de 2005. Ensuite ? « L'exposition tournera partout où les gens voudront l'accueillir. » Gratuitement, parce que contribuer à changer le regard sur le handicap n'a pas de prix.
Contact : vanessa@lafabrik.com
Article original sur La Nouvelle République
Retour sur Rencontre-HandicapLe cécifoot, ou la pratique du football pour déficients visuels
2011-06-13 10:25:41.765

Dans le monde des non-voyants, le sport reste un élément moteur pour pouvoir se dépenser et le foot, ou plutôt le cécifoot, est une des disciplines majeures
Le football ne se résume pas seulement à celui que l'on voit à la télévision, ni à celui qui est pratiqué par des centaines de milliers de personnes au niveau des championnats amateurs ou simplement entre amis le week-end. Il faut penser également aux handicapés.
Dans cette catégorie, il y a ceux qui y jouent en fauteuil et, plus surprenant, ceux qui s'y adonnent alors qu'ils sont aveugles ou déficients visuels. Leur football à eux est appelé cécifoot et se pratique sur quatre continents répartis en dix-huit nations. Il figure même dans les disciplines paralympiques depuis Athènes en 2004, puis à Pékin en 2008. L'équipe de France sera présente à Londres en 2012.
Des règles et catégories définies
Il faut savoir que la déficience visuelle touche en France près de 1 500 000 personnes dont 60 000 aveugles complets. Pour certains, l'envie de faire un sport est importante et se tourner vers le sport le plus populaire est tout à fait naturel. Toutefois, ces personnes n'ont pas le même handicap et sont classées en trois catégories: Les B1 (B comme "Blind" en Anglais, qui signifie "aveugle" ou "très malvoyant"). Les joueurs évoluent avec des patches oculaires et des bandeaux sur les yeux. La surface de jeu de la taille d'un terrain de hand (40 x 20 m) possède des barrières latérales gonflables de protections et les poteaux de buts sont protégés. Les cages ont également des dimensions réduites à 5 m de large et 2 m de haut, l'équivalent des buts de minimes dans la classification de la Fédération Française de Football. Le ballon est sonorisé par des grelots et de chaque coté des buts, des guides donnent de la voix pour orienter les joueurs aux mieux vers le but adverse. Les rencontres se déroulent avec 4 joueurs de champ handicapés et un gardien voyant. Cette pratique est souvent appelé foot à 5.
Pour éviter le télescopage sur l'aire de jeu, les pratiquants parlent énormément pour se situer. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le jeu est rapide et les règles du cécifoot sont les mêmes que celles du foot traditionnel à l'exception des hors-jeu. Généralement le jeu se pratique en salle, mais il peut également se pratiquer en extérieur en deux mi-temps de 20 minutes.
Il est important que les spectateurs soient silencieux afin que les joueurs puissent comprendre facilement les consignes des guides.
Il existe sept clubs: UNADEV Bordeaux, UNADEV Toulouse, AVH Paris, Cécifoot Saint-Priest, AS Cécifoot Saint-Mandé, USMEC Marseille et le Handisport Lyonnais.
Les autres catégories B2/B3 sont des malvoyants. Cette fois ils utilisent au mieux leurs facultés visuelles comprisent entre 1/20e et 1/10e selon les pathologies. Chacun des participants ne possède pas le même sens de la vision. Pour certains, c'est une vue très floue, d'autres ne voient que sur les cotés ou n'ont un champ de vision très restreint. Pour eux, les mi-temps se jouent en 2 x 25 minutes. Souvent les rencontres restent spectaculaires et il n'est pas rare de voir des gestes techniques tel que des talonnades, reprises de volées et même parfois des têtes qui font mouche. En France, de plus en plus de clubs se structurent. On retrouve USMEC Marseille, AVH Paris, mais aussi AS Villeurbanne, Le Havre Cécifoot, Don Bosco Cécifoot Nantes, ASS INJA Paris et Cécifoot Club Lille.
Un championnat annuel très convoité
Tous les ans, les équipes se retrouvent pour un mini-championnat sur trois week-ends et pour la Coupe de France. En 2011, les participants sont passés à Bourges, puis la Chapelle-sur-Erdre les 28 et 29 mai avant de conclure la Phase Finale Championnat de France Cecifoot du 18 au 19 juin de 8 heures à 13 heures au Complexe Le Cesne à Marseille. À l'issue de cette ultime journée, les clubs champions 2011 seront connus.
En s'investissant ainsi, les organisateurs veulent mettre un coup de projecteur sur cette pratique qui est loin d'être connue et reconnue comme il se doit. Beaucoup d'entraîneurs le déplorent, à l'image du Nantais Anthony Heurteau:«Les joueurs se dépensent sans compter. À chaque fois qu'ils rentrent sur le terrain, ces gars ont un état d'esprit comme les autres footballeurs. Ils vivent leur passion à fond avec une différence, leur handicap.» À chaque rencontre, ces joueurs d'un autre univers mouillent le maillot et, malgré leur déficience visuelle, ils vont droit au but.
Pour ceux qui ne connaissent pas ce sport, voir une rencontre de cécifoot ne laisse pas indifférent.
Article original sur Suite101
Retour sur Rencontre-HandicapDistilbène : UCB Pharma condamné à verser 1,7 million à un handicapé
2011-06-10 17:50:06.937

Le petit-fils d'une femme ayant pris du Distilbène, du laboratoire UCB Pharma, a obtenu jeudi de la cour d'appel de Versailles la reconnaissance d'un lien entre ce médicament et son handicap. A la clé, le laboratoire est condamné à lui verser 1,7 million d'euros de dommages et intérêts, a indiqué son avocate.
«La cour a considéré que l'exposition au Distilbène de la mère est responsable de l'accouchement très prématuré, qui lui-même explique de façon directe le handicap majeur dont souffre Louis», a déclaré devant la presse Me Martine Verdier après avoir pris connaissance de l'arrêt de la cour d'appel.
Le laboratoire UCB Pharma devra verser, tous préjudices confondus, quelque 1,7 million d'euros au jeune homme, né en 1990 et lourdement handicapé, ainsi qu'à sa famille. L'avocat du laboratoire n'a pas pu être joint.
La cour d'appel a en revanche reporté sa décision pour le cas d'une jeune fille, née grande prématurée en 1995, dans l'attente des conclusions d'une expertise ordonnée dans une autre procédure.
Le Distilbène est le nom commercial d'une hormone de synthèse prescrite en France entre 1950 et 1977 aux femmes enceintes pour prévenir les fausses couches, les risques de prématurité et traiter les hémorragies de la grossesse.
La nocivité du DES ou diéthylstilbestrol a été établie chez les enfants exposés in utero, en particulier chez les filles. En 1977, le fabricant du Distilbène, UCB Pharma, a décidé de rendre publique sa contre-indication aux femmes enceintes en France.
Article original sur Le Parisien
Retour sur Rencontre-Handicap