Lyon: un service d'accompagnement dans les transports en commun proposé aux personnes handicapées
2011-07-06 09:21:57.078
Un service d'accompagnement est proposé aux malvoyants et aux usagers en fauteuil
Armé de sa canne blanche, Mickaël a dû marcher une quinzaine de minutes. Patienter aux arrêts, puis prendre trois bus avant d'arriver, au bout d'une heure, dans le 6e arrondissement. Pour réaliser ce long et périllieux trajet, ce non-voyant de 23 ans est le premier Lyonnais à avoir pu bénéficier, hier matin, de l'aide de Sophie et Patrick, « Optiguides ». Depuis lundi, ces agents sont dédiés à l'accompagnement des personnes malvoyantes et en fauteuil dans les transports en commun, de leur lieu de départ à leur arrivée. Un service unique en France mis en place par le Sytral, propriétaire du réseau TCL. Pour en bénéficier, les usagers doivent être inscrits chez Optibus, transport de porte-à-porte en navette, dont 2?800 personnes bénéficient dans le Grand Lyon. « L'optiguide n'a pas pour but de remplacer la navette, mais de compléter notre offre, de la rendre plus souple », précise David Davenas, responsable client chez Optibus. Les handicapés peuvent notamment réserver un guide au maximum deux heures avant le départ, alors que la navette n'assure aucun déplacement à la journée. « C'est sûr que je vais gagner en liberté avec ce nouveau service, explique Mickaël. Aujourd'hui pour la plupart de mes sorties, je dois être aidé par une éducatrice ou prendre l'Optibus. Donc, tout prévoir à l'avance ».
Amener à l'autonomie
Au-delà de l'accompagnement, gratuit, Patrick et Sophie ont comme une dizaine d'autres optiguides (35 à terme) été formés pour aider l'usager à se repérer sur le réseau. Tout au long du trajet hier, ils ont décrit à Mickaël les différents lieux qu'ils parcouraient en bus. « L'objectif est de les amener à l'autonomie pour qu'ils puissent faire un jour ces déplacements sans nous. Certains y parviendront, d'autres non », note Sophie. Mickaël, lui, a bien l'intention de lâcher le bras de ses guides pour « se balader seul, un jour », avec sa canne blanche. Une perspective qu'il aborde sereinement. « Il m'arrive déjà de prendre le train seul. Dans les TCL, c'est plus simple, beaucoup de choses ont été faites pour qu'on se repère mieux (braille, informations sonores) ». Pour les personnes à mobilité réduite, le réseau TCL (bus, métros et tramways) est aujourd'hui accessible à 80 % et doit l'être totalement en 2015.
Article original sur 20minutes
Retour sur Rencontre-HandicapVasily Bubnov, un comédien sourd
2011-07-05 09:44:54.484
En vedette lors du festival Souroupa 2011, ce comédien mime a quitté la Russie pour développer son talent en France tout en espérant tisser des liens entre sourds et entendants des deux pays.
Vasiliy Bubnov est né sourd en 1984, d'un père lui-même sourd et d'une mère entendante, à Ivanovo, ville moyenne située à 250 km de Moscou. Elevé dans un environnement familial bilingue russe-langue des signes, il a été éduqué dans une école spécialisée qui ne comptait que des enfants sourds. Il a poursuivi au collège, et s'est orienté vers un C.A.P de menuiserie, le métier de son père. "J'ai grandi en Russie jusqu'à la fin du régime soviétique, raconte Vasiliy Bubnov. Quand la télévision a déversé des images de l'Occident, ça m'a donné envie d'aller en Europe, dans un pays riche !"
Il a finalement suivi un ami sourd qui venait en France, pour connaître le pays et sa culture, avoir un autre niveau de vie. Il se rappelle encore cette date gravée dans sa mémoire : le 8 avril 2004. "Je ne suis pas triste ni nostalgique de la Russie. J'ai envie, même si ce n'est pas facile, de participer à la vie sociale en France". Dès son arrivée, Vasiliy Bubnov s'est fait des amis slaves à Paris avant d'aller à Tours ("sans même avoir vu la tour Eiffel !" s'amuse-t-il), puis Poitiers, au contact de la communauté des Sourds, et finalement Limoges où il vit maintenant. Avec les entendants, il communiquait par le mime, un art qu'il travaille et pratique depuis l'enfance, avec la magie, le cirque, le jonglage, le clown. Dès 4 ans, il faisait de la danse et du théâtre, se souvient-il. Il a appris la couture et a fabriqué ses costumes de scène, le dessin, la peinture, les arts martiaux... Tout cela, en école spécialisée et à l'extérieur, durant ses années russes, un acquis qui est la base de son travail théâtral d'aujourd'hui.
A son arrivée à Limoges, Vasiliy Bubnov a voulu s'intégrer à la vie sociale, en participant à un atelier de théâtre au sein de la Compagnie ParOles, qui présentait alors des spectacles parlés et signés, ce qu'elle ne fait plus depuis 2009. Et Vasiliy Bubnov a logiquement suivi le mouvement de scission de cette compagnie qui a débouché sur la création de Singuliers Associés, qui travaille sur la surdité et la cécité en proposant des ateliers théâtraux dédiés. "On a repéré un talent, dit de Vasiliy Bubnov le directeur de Singuliers Associés, Philippe Demoulin. On l'a fait travailler en co-animation, puis en semi-professionnel et maintenant en professionnel."
Le premier spectacle de Vasiliy Bubnov date de 2007, avec la Compagnie ParOles : "Vagabondages", résultat de trois années de formation acharnée. Pour sa compagnie, Vasiliy Bubnov se fait à la fois comédien et "propagandiste" de la Langue des Signes Française lors d'ateliers de sensibilisation en milieu scolaire : "J'ai le sentiment qu'elle est ma première langue, davantage que la langue des signes russe dont le vocabulaire est différent et la grammaire proche. Cette langue des signes russe est riche, mais n'a pas assez évolué. En Russie, le Congrès de Milan qui a interdit la langue des signes à partir de 1880 n'a pas eu d'impact, la langue des signes a continué à être pratiquée en restant au même niveau, une communication du quotidien, sans profondeur intellectuelle ou philosophique ni développement linguistique. Un de mes projets est de revenir en Russie pour aller discuter avec les Russes."
Si son parcours est remarquable, ses débuts en France ont été particulièrement difficiles, une galère qui l'a contraint à dormir dans une voiture pendant un mois, à se nourrir grâce aux Restos du Coeur... Durant 6 mois, il a dû vivre avec une allocation de 45€ mensuels, le temps de déposer une demande d'asile, d'être aidé par l'ASSEDIC, d'obtenir une chambre dans un foyer. Au bout d'un an, il a enfin eu sa propre chambre, mais toujours pas de travail. Au bout de 2 ans et demi d'efforts, il a commencé à travailler avec ParOles.
Obtenir un titre de séjour a été d'autant moins simple que Vasiliy Bubnov rencontrait de gros problèmes de compréhension avec l'interprète russe, une langue qu'il ne connaît quasiment pas. Il a vécu l'angoisse du refus et du risque d'expulsion. Seule son embauche au sein de la Compagnie ParOles lui a permis d'obtenir des papiers en règle. Il se projette désormais dans l'avenir, d'abord en poursuivant avec Singuliers Associés son travail de comédien et de formateur en LSF, et avec le désir d'aller en Russie pour contribuer à ouvrir les sourds à la connaissance, à acquérir la liberté de signer alors qu'ils sont réticents à le faire en public : "70% des sourds russes s'expriment peu et ont des difficultés à se reconnaître en tant que citoyens", estime-t-il. Vasiliy Bubnov voudrait ouvrir les entendants au monde des sourds, et créer des ponts entre la France et la Russie : "Venir en France m'a ouvert au monde, j'ai envie de le faire partager aux Russes !"
Article original sur Yanous
Retour sur Rencontre-HandicapCompostelle : malvoyant, Gérard Muller marche 740 Km pour tester un GPS audio expérimental
2011-07-04 10:07:34.187
Le strasbourgeois Gérard Muller, mal voyant, est parti hier du Puy-en-Velay pour tester, durant 740 km, un GPS audio conçu pour les aveugles. Il compte arriver à Saint-Jean-Pied-de-Port en septembre.
Il allait partir pour une randonnée de 740 Km pour faire un test grandeur nature d'un GPS conçu pour les non-voyants. Ses amis et sa famille s'étaient tous retrouvés ce matin pour lui souhaiter un bon départ et faire un bout de chemin avec lui.
Equipé d'une caméra autoportée, d'une canne blanche, d'une boussole, d'un téléphone satellite et du fameux GPS, il s'apprêtait à partir, accompagné pendant les 3 premiers jours de deux personnes dont son épouse.
Puis, il continuera sa route, seul, juste guidé par ce nouveau GPS.
Plusieurs objectifs
C'est un habitué des grands défis. Il a, en effet, déjà effectué Paris-Pékin en tandem en 2008. Toujours dans le but de montrer qu'il est possible de vivre pleinement avec un handicap, il partait ce matin sur le chemin de Saint Jacques.
Après un lourd travail de recherche et de développement (notamment la numérisation de l'ensemble du parcours) mené par la Fédération Française de randonnée pédestre et le laboratoire René Farcy à la faculté d'Orsay, il était prêt à faire cette expérimentation scientifique.
L'un de ses buts est de «donner envie de reprendre goût à la randonnée aux personnes qui ne sortent plus de chez elles ».
L'autre est de soutenir et de faire connaitre « l'institut de la vision » et la fondation « voir et entendre ».
Il a déjà fait plusieurs tests, en milieu urbain et dans la forêt de Rambouillet et ce sera la première fois qu'il utilise ce GPS sur une distance aussi longue. Ces essais permettront de développer ce nouvel outil pour tous les non-voyants.
Son périple commencera par une première étape à Montbonnet puis une seconde à Saint privat d'Allier. Il a choisi de couper la traditionnelle première étape pour s'habituer à ce nouveau matériel.
Il a prévu d'arriver à Saint-Jean-Pied-de-Port au mois de Septembre et demandera alors de l'aide à des marcheurs rencontrés là-bas pour continuer sur la partie espagnole puisque la cartographie n'a pas été numérisée sur cette portion.
Il souhaite faire « comme tout le monde » emportant même avec lui un appareil photo.
Article original sur zoomdici.fr
Retour sur Rencontre-HandicapClôture du BNP Paribas Open de France
2011-07-01 09:39:40.203
Depuis 1985, les meilleurs joueurs mondiaux de tennis en fauteuil s'affrontent lors du BNP Paribas Open de France. La 26ème édition vient de s'achever.
Le parc de Sceaux abrite un château, une forêt, des kiosques de détente, des jeux d'eau et un complexe sportif avec notamment la plus grande piscine découverte du département des Hauts-de-Seine qui peut accueillir jusqu'à 1500 personnes. En cette saison, les promeneurs viennent pour pique-niquer, se promener ou faire du sport. Mais il n'y a pas que ça. Le parc de Sceaux accueille également un tournoi de tennis, le BNP Paribas Open de France. Pendant six jours, au Stade de la Grenouillère à Antony, les meilleurs joueurs mondiaux du tennis en fauteuil s'affrontent. Sur place il n'y a pas de gros moyens: un terrain de terre battue et tout autour des stands pour l'accueil, l'information, la buvette et les loges de joueurs et d'arbitres. Mais les apparences sont souvent trompeuses…
Car le BNP Paribas Open de France n'est pas une petite compétition. Avec plus de 80 bénévoles, 32 ramasseurs de balles, 40 arbitres et juges de ligne, 120 joueurs et 20 nations représentées, c'est le premier tournoi International de Tennis Handisport organisé en Europe. Il a d'ailleurs obtenu l'année dernière le grade de « Super Serie » et devient donc l'un des neuf plus importants tournois du monde. Cette année, il est d'autant plus important pour les joueurs que c'est la première étape dans la course aux qualifications pour les jeux paralympiques de Londres l'année prochaine. Et au bout de 26 éditions le tournoi est parfaitement rôdé: « On a la même organisation de base. C'est important. On est l'un des seuls tournois au monde avec la même organisation depuis le début » rappelle Pierre Fusade, le directeur du tournoi, tranquillement installé dans la zone VIP après avoir apprécié un quart de finale. Le BNP Paribas Open de France n'est donc pas Roland-Garros ou Wimbledon mais ce n'est pas non plus un petit tournoi!
D'autre part, le tennis en fauteuil a de plus en plus de succès. Crée dans les années 80, la discipline s'est professionnalisée et a fini par s'imposer dans le grand chelem (Roland-Garros, Wimbledon, Open d'Australie et US Open). Mais à l'image d'un public peu nombreux, force est d'admettre que le BNP Paribas Open de France n'est pas très connu. A qui la faute? A Wimbledon bien sûr, le plus vieux tournoi de tennis au monde et qui a lieu au même moment. D'ailleurs, entre chaque match du BNP Paribas, personne ne peut s'empêcher de regarder les affiches de Wimbledon retransmises sur le grand écran du stade. Mais d'autres raisons expliquent cette absence de reconnaissance. Le manque de communication et d'intérêt pour le tennis chez les handicapés est évident. Je suis le seul journaliste venu ce jour-là faire un reportage sur le sujet. Heureusement, lors de la finale, dimanche, il y a beaucoup de monde dans les gradins malgré les 35 degrés affichés au thermomètre, et même des habitués. Et Pierre Fusane est optimiste: « Beaucoup ne savent pas que le tennis en fauteuil existe (…) Mais ça vient petit à petit. On ne désespère pas (…) Le tennis est un super sport d'intégration et il y a toujours de la vie sur le tournoi ».
En plus, cocorico, la France est en grande forme dans cette discipline. 3 des 10 meilleurs mondiaux sont Français. Parmi eux, Stéphane Houdet. Il a commencé le tennis à 8 ans et malgré un accident de moto à 25, il continue. « Mon meilleur classement est numéro 2 mondial et numéro 1 en double ». En 2008 aux Jeux Paralympiques de Pékin, Houdet est médaillé d'or. Il connaît bien ce tournoi qu'il a déjà gagné et il a même failli aller de nouveau en finale cette année avec l'autre Français en lice en demi-finales, Nicolas Peifer. Malheureusement ni l'un ni l'autre n'a décroché son billet pour la finale. La revanche, ça sera pour l'année prochaine… La relève, elle, est prête. Croisé près de la buvette à deux heures d'un match important mais très détendu, l'ancien basketteur Gaetan Menguy est un jeune espoir du tennis en fauteuil. Pour sa première participation au tournoi, il n'a pas passé le premier tour et espère « trouver des partenaires pour jouer car le frein devient financier ». Mais sur le long terme, Gaetan « vise le top 20 mondial ».
Les vainqueurs de l'édition 2011 sont inconnus du grand public alors que ce sont les stars de la discipline: côté féminin, la néerlandaise Aniek Van Koot est n°6 mondial. Côté masculin, le n°1 mondial, le Japonais Shingo Kunieda est intraitable. Il a expédié en moins d'une heure le néerlandais Maikel Scheffers, pourtant vainqueur de l'édition de Roland Garros cette année. Bref, une sorte de Nadal-Federer mais en version très rapide!
Du coup pour faire connaître le tennis en fauteuil roulant et année pré-olympique oblige, une opération a été mise en place sur la région parisienne, « Je roule pour le tennis ». Crée à l'initiative d'un groupe d'étudiantes en communication de l'école de commerce en alternance PPA, Alexandra, Audrey, Virginie, Cathia et Rim, le concept est simple mais original comme le présente Claire Davaine, responsable de la communication de la commission tennis au sein de la Fédération Française du Handicap: « Customiser un fauteuil, y faire asseoir des gens pour les prendre en photo, le promener sur Roland Garros ensuite sur les Champs-Elysées, puis au Trocadéro et au Parc de Sceaux avant de le laisser achever sa course sur l'Open de France ». Cela n'est pas par hasard puisque « L'Open de France est la première étape pour les joueurs internationaux dans leur course pour la qualification des jeux paralympiques de Londres (…) ». Parmi les personnalités sollicitées pour être pris en photo dans le fauteuil figure Nelson Monfort qui a fait quelques interviews sur le tournoi pendant la retransmission de Roland Garros. La recherche de notoriété finit par payer…
Le but de l'opération « Je roule pour le tennis » est de « faire prendre conscience que c'est pas parce qu'on est handicapé qu'on ne peut pas faire de sport », insiste Cathia, une des étudiantes fière du projet. Le fauteuil devient un « accessoire de jeu et pas un handicap » souligne Alexandra, une autre étudiante, et Claire ajoute « on essaye de sensibiliser un public très large (…), acter la présence de cette discipline » et « soutenir nos athlètes français à Londres ». D'ailleurs, le fauteuil va quitter la France à l'issue du tournoi et va continuer à voyager dans d'autres pays lors des grands rendez-vous à venir (Open d'Australie, Us Open…) et ce jusqu'aux JO de Londres du 27 juillet au 12 août 2012.
Mais comme l'explique Claire Davaine, la situation pour les handicapés est plus simple dans ces pays alors qu'en France un retard important a été pris dans l'accessibilité et le regard que l'on a du handicap. Il s'agit donc d'une « action sportive française pour changer une mentalité française ».
Article original sur streetgeneration.fr
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