"Les handicapés vont se retrouver à la rue"
2011-10-17 08:46:02.953
A l'occasion de la journée mondiale du refus de la misère, organisée par le mouvement ATD Quart Monde, Marie-Madeleine Le sausse, 58 ans, dans la précarité, témoigne.
"Depuis mon enfance, je suis atteinte de myopathie dégénérative. A 58 ans, je suis en fauteuil roulant électrique et j'ai besoin d'une assistance humaine quotidienne. Dans ces conditions, je vivote avec 705 euros par mois. Une misère! Et j'ignore même ce que je percevrai dans deux ans [NDLR: l'allocation aux adultes handicapés n'est en général plus versée au-delà de 60 ans, mais peut être accordée, réduite, dans certains cas].
"A part un rôle d'élue communale à Noisy-le-Sec et un petit job en 1977, je n'ai jamais travaillé, vu ma maladie, mais j'ai été bénévole durant quinze ans au bénéfice des handicapés. Je me suis mariée jeune et mon divorce, en 2001, a été douloureux. Mon ex-mari s'est lourdement endetté (20 000 euros) et n'a jamais versé de pension. Nous avions un compte commun, j'ai dû m'acquitter de la moitié de la dette. Enfin, j'ai dû débourser 2000 euros d'agios à la suite d'un retard de versement d'aides pour payer mes auxiliaires de vie. Avec aujourd'hui 1000 euros d'épargne, chaque sou perdu compte beaucoup.
"Je fais des économies sur tout: je mange peu de viande rouge, je choisis de la margarine plutôt que du beurre, je favorise les bas prix en fin de marché... J'envisage même de vendre les quelques bijoux de famille qu'il me reste. Heureusement, mes proches sont d'un grand soutien. Mais je ne veux pas être un poids pour eux. Je refuse catégoriquement de leur demander quoi que ce soit. Ma fille Eléonore, d'une dévotion exceptionnelle, m'achète parfois des objets ménagers dans mon dos.
"Nicolas Sarkozy avait promis une hausse de 25 % sur cinq ans de l'allocation aux adultes handicapés. On n'en voit pas la couleur! Si ça continue, les handicapés vont se retrouver dans la rue. L'accessibilité est le cheval de bataille des associations: encore faut-il avoir de l'argent pour aller au restaurant ou au cinéma."
Article original sur L'Express
Retour sur Rencontre-HandicapL'enfer des pavés pour les handicapés de Bourges
2011-10-14 07:34:02.093
Pour Patrice Marchand, la rue Jacques-Coeur est pire que la course cycliste Paris-Roubaix. Handicapée, cette personne circulant en fauteuil roulant dénonce les problèmes d'accessibilité de cet endroit historique de la ville.
Située en secteur sauvegardé, la rue Jacques-Coeur a fait l'objet de travaux qui se sont achevés au printemps dernier. Mais certaines imperfections subsistent. Patrice Marchand s'est rendu sur place pour expliquer les problèmes dont souffrent les handicapés pour circuler dans cette rue.
Défense de la loi. Patrice Marchand déplore le manque de concertation avec les associations de handicapés lors des travaux de la rue. Il dénonce une non-prise en compte des besoins d'une catégorie de la population. Il veut défendre bec et ongles les droits des handicapés. « On est obligé de se battre. La loi sur l'accessibilité des handicapés de 2005 est bafouée. Nous, on ne veut pas de ça. »
Problème, la municipalité et l'architecte des Bâtiments de France se renvoient la balle.
La municipalité, maître d'ouvrage, affirme ne pas avoir eu le dernier mot dans cet aménagement : « La rue Jacques-Coeur a été requalifiée avec, comme objectif, de coller au côté historique, explique Pascal Blanc, adjoint au maire chargé des travaux. Il s'agit d'un secteur sauvegardé. L'architecte des Bâtiments de France a choisi des pavés qui correspondent à l'esthétique de la rue. »
Pascal Blanc comprend les revendications des handicapés. « On le regrette, on est très sensible à la question de l'accessibilité des personnes à mobilité réduite. Nous avons effectué beaucoup de travail avec les associations, dans ce domaine. » Quant à évoquer des modifications à l'avenir, il se montre pessimiste : « Je ne vois pas comment on pourrait faire marche arrière. »
Selon Marie-Hélène Merceron, architecte des Bâtiments de France, « la ville s'est impliquée dans le choix des matériaux ». Selon elle, la décision ne lui est pas revenue : « C'est le maire qui délivre le permis de construire, c'est lui qui paye. L'architecte des Bâtiments de France, de par la loi, juge de la conformité des projets par rapport au règlement et au plan du secteur sauvegardé. »
Article original sur LeBerry
Retour sur Rencontre-HandicapLes hommes handicapés sont quatre fois plus agressés sexuellement que les valides
2011-10-13 08:44:09.468
L'American Journal of Preventive Medicine vient de publier les résultats très étonnant au sujet des agressions sexuelles : les hommes handicapés sont quatre fois plus susceptibles d'être agressés sexuellement que les hommes qui ne sont confrontés à aucun handicap.
L'opinion générale la plus diffusée dans le public consiste en ce que les femmes seraient plus sujettes aux agressions sexuelles que les hommes. Ceci constitue certainement une projection et une extrapolation de la situation par rapport aux caractéristiques qui définissent la population valide.
En effet, en matière de handicap, les taux de prévalence de la violence sexuelle pour les hommes handicapés ont dépassé ceux des femmes non handicapées au cours des dernières années.
Ce fait est confirmé dans cette étude de l'American Journal of Preventive Medicine qui conclu que 13,9 % des hommes handicapés ont déclaré avoir subi des violences sexuelles, comparativement à 12,4 % des femmes valides et 3,7 % des hommes dépourvus d'un handicap.
Le coté intéressant et la pertinence des résultats de cette étude provient également du fait que celle-ci a élargi son champ d'investigation au-delà du contexte d'un partenaire intime, élément très important pour les personnes handicapées puisque des études antérieures ont suggéré que les moins valides étaient particulièrement susceptibles de subir des abus sexuels de la part du personnel soignant et autres préposés pour les soins personnels.
Article original sur Handimobility
Retour sur Rencontre-HandicapConduire en fauteuil manuel : le veto français
2011-10-12 08:02:43.843
Conduire quand on est handicapé à l'étranger ? En Suède et aux Etats Unis, l'arrimage du fauteuil manuel au poste de conduite permet de conduire sans réaliser de transfert. Homologués à l'étranger, ces systèmes sont, a priori, illégaux en France
Outre la mise en place d'un « Motability à la française », il est un deuxième sujet qui préoccupe Peter Wagstaff. En charge des dossiers internationaux au sein du CEREMH (Centre de ressources et d'innovation mobilité handicap, en France), il s'exprimait en septembre 2011, à la tribune du colloque « Automobile et handicap », à Paris, sur un « bonne idée » qui peine à s'implanter dans notre pays. Aux Etats Unis, en Allemagne ou en Suède, des systèmes d'arrimage du fauteuil manuel en position de conduite, « Drive from manual wheelchair », font déjà le bonheur des conducteurs locaux, mais n'arrivent pas à percer en France à cause du coût de l'homologation. « Même lorsque des véhicules transformés ont été approuvés par d'autres pays, explique Peter, ils doivent obligatoirement passer une visite technique auprès des DREAL (Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement) et fournir des preuves de conformité et des tests supplémentaires. »
Le casse-tête administratif
Une procédure qui dissuade les transformateurs français de développer leurs propres solutions, à cause d'investissements importants pour un nombre limité de véhicules. Les DREAL doivent faire face à la complexité de la tâche d'interprétation de la législation pour ce type de véhicules, et il apparaît envisageable que le même véhicule puisse être « réceptionné » (accepté) sans problème dans un centre et refusé dans un autre ! Pour résoudre ce problème dans notre pays, il y a urgence à clarifier les règles, tout en confiant cette tâche de réception à quelques centres spécialisés. Certains proposent la création d'une agence indépendante des sociétés des constructeurs/transformateurs qui regrouperait les informations techniques sur les véhicules et les adaptations en France. En Grande-Bretagne, par exemple, cette tâche est confiée à Motability, qui garantit la qualité et la conformité des adaptations. Le CEREMH, en tant que Centre national d'expertise pour la mobilité, pourrait éventuellement assumer ce rôle.
Des homologations compliquées
Paravan, par exemple, transforme ses véhicules en Allemagne, un pays de l'Union, isn't it ? Ils sont conformes à toutes les réglementations européennes, la marque a investi 150 000 euros pour effectuer des tests supplémentaires sur un seul modèle, qui était d'ailleurs déjà en vente dans plusieurs autres pays d'Europe. Et pourtant, le passage par la DREAL, effectué avec l'aide du CEREMH, fut une épreuve ! Alors que ce type de système également proposé en Suède par Hedemora Anpassning et aux Etat-Unis par Ez lock a déjà reçu l'homologation de leur gouvernement respectif. Au printemps 2008, le CEREMH a lancé un projet pour importer des voitures transformées par Sirus en Angleterre pour la conduite en fauteuil manuel. Trois ans et demi plus tard, il n'a toujours pas de la certitude que ces voitures, disponibles à l'étranger à un prix de moitié inférieur à la concurrence, réussiront à obtenir l'homologation.
Maurice, conduite illégale !
Maurice, 60 ans, paraplégique suite à un accident d'hélicoptère, a adopté ce système qui lui permet de conduire assis dans son fauteuil manuel sans avoir à opérer de transfert. Une délivrance, une renaissance, mais, en principe, illégale en France ! Le risque est grand en cas d'accident car il engage à la fois sa responsabilité pénale et celle de celui qui a réalisé la transformation. Quant à l'assurance, elle refusera de prendre en charge tout dommage. Et lorsqu'on sait qu'un tel système exige la réalisation d'un plancher surbaissé et d'une rampe d'accès automatique, soit jusqu'à 100 000 euros pour un véhicule, il va sans dire que c'est un risque que bien peu sont prêts à courir. Ils sont pourtant quelques uns à rouler dans des voitures équipées pour la conduite en fauteuil manuel en France, certains de ces véhicules n'étant jamais passés par la DREAL.
Sur notre permis, s'affiche donc la mention « Peut nettement mieux faire », principalement dans deux domaines : simplifier le parcours d'homologation des aménagements adaptés et mettre en place un organisme référent pour garantir la qualité et l'homogénéité de ces produits. Début octobre 2011, se tient l'assemblée générale de l'EMG (European Mobility Group), à Bristol, à laquelle participent des sociétés dans le domaine de la mobilité automobile et des fauteuils venues de toute l'Europe. Peter Wagstaff est invité à présenter les actions du CEREMH et les problèmes de mobilité en France. Une occasion, urgente, de débattre...
Article original sur Handicap.fr
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