Son chien-guide d'aveugle refusé dans le cabinet médical
2011-09-13 09:26:28.703
Il est des remarques, en apparence anodines, qui peuvent faire mal. Celle à laquelle Hava Hoxha, 47 ans, a eu droit dans un cabinet médical parisien où elle s'était rendue avec son chien-guide l'a littéralement « blessée ». Atteinte de cécité totale depuis maintenant dix ans, Hava est accompagnée dans tous ses déplacements quotidiens par Ceylan, un golden retriever de 4 ans qui lui a été donné par l'Ecole des chiens-guides pour aveugle de Paris.
C'est donc tout naturellement avec l'animal que Hava est allée chez sa gynécologue dans un cabinet de ville du XIVe arrondissement.
« Dès mon arrivée, j'ai bien senti qu'il y avait un malaise. Quand le médecin s'est présenté je l'ai clairement entendu dire à son assistante qu'il était hors de question que le chien rentre avec moi dans la salle de consultation », se souvient Hava. Ceylan reste donc sagement dans la salle d'attente. « Après, la gynécologue m'a reconduite. Puis elle m'a dit que pour les prochains rendez-vous, il serait préférable que je me fasse accompagner par mon fils (de 15 ans) plutôt que par un chien… pour la tranquillité des autres patientes. »
Une demande à la fois choquante et illégale (lire encadré) selon Hava, qui a aussitôt demandé le transfert de son dossier médical chez un autre praticien. Jointe par téléphone, la gynécologue confirme avoir conseillé à cette patiente qu'elle suit depuis longtemps (mais qu'elle n'avait jamais vu qu'avec une canne blanche) de ne plus venir avec son chien.
« Cela pose des problèmes d'asepsie. J'ai du matériel stérile. Je reçois des femmes enceintes… Faire entrer un animal dans mon cabinet médical, c'est mission impossible », conclut le médecin, qui a tout de même demandé un avis au conseil de l'ordre. « Aucun texte ne m'oblige à laisser entre un chien dans ma salle de consultation… ou même dans ma salle d'attente. » Une affirmation que conteste Hava Hoxha. La non-voyante, qui travaille aux questions d'accessibilité pour la mairie de Paris, n'entend pas en rester là. « J'ai eu l'impression que tout le travail d'intégration des handicapés et tous les efforts pour acquérir de l'autonomie étaient balayés en une phrase. » Elle a, elle aussi, alerté le conseil de l'ordre des médecins. L'institution ne lui a pour l'instant pas encore répondu.
Article original sur Le Parisien
Retour sur Rencontre-HandicapGenève - Une école pour les futurs assistants sexuels
2011-09-12 09:41:23.046
Tout commence par une caresse. La tétraplégie ne bloque pas tous les sens, n'anesthésie pas les émotions. Lentement, la main de Florian frôle les cheveux de Sophie, masse les membres endormis, il la soulève prudemment.
Les minutes passent, les gestes deviennent plus précis. Quelques frissons, le souffle court, puis un sourire lumineux sur le visage de Sophie.
Florian est assistant sexuel à Genève. Ce grand blond au regard bleu, musicien de profession, a suivi – en pionnier – la formation d'assistant sexuel :
« La société étant hypocrite sur cette question, je voulais participer à ce combat pour plus de justice sociale. »
Familier du tantrisme, il n'a pas été effrayé par les massages, le contact des peaux et le don de soi envers ces personnes au corps cabossé.
Soutenu par sa compagne dans son choix – il est très important que l'assistant ait une vie affective équilibrée –, il rencontre les « bénéficiaires », terme choisi par l'association Sexualité et Handicaps pluriels (SEHP), qui forme des assistant(e)s sexuel(le)s), environ toutes les trois semaines, pour une heure trente maximum.
Pas de baiser ni de pénétration
Lors d'un premier entretien préalable, il pose ses conditions : pas de baiser, ni de pénétration.
« Mais je mets mon sexe à disposition pour qu'elle puisse jouer avec. »
Un dialogue franc et confiant s'instaure : Florian donne ses propres limites, tandis que la bénéficiaire l'oriente vers ses préférences. « Je ne les ai jamais considérées comme de “pauvres” handicapées. »
Catherine Agathe Diserens, elle, a travaillé douze ans dans des institutions spécialisées pour les personnes handicapées :
« Ma formation était excellente. J'avais tout appris, sauf ce qui concerne la vie affective des personnes handicapées, comme si elles n'étaient pas aussi des êtres sexués avec des élans du cœur et du corps. Pourtant, au quotidien, les professionnels sont confrontés aux besoins intimes, aux désirs sensuels et aux rêves d'amour. »
Elle se forme alors à la sexologie spécialisée et lance, en 2008, une formation en assistance sexuelle, recueillant le soutien des politiques, des fondations pour le handicap et des institutions. Ainsi naît l'association SEHP.
« En plus de mes “messieurs” habituels »
La formation de SEHP mêle cours sur le handicap, ateliers pratiques - comment bouger une personne dans son fauteuil, l'allonger, la masser - discussions de groupe, psychologie.
Son coût : 2?500 euros. Le tarif de la séance est fixe pour tous les assistants : 110 euros pour une heure, non remboursés par les assurances santé suisses.
Aux Pays-Bas, la prestation est remboursée à hauteur de deux séances par mois.
Depuis juin 2009, environ 80 personnes (avec un handicap physique aussi bien que mental) se sont adressées à la SEHP (le nombre de handicapés est estimé à 1,2 million en Suisse) .
« Le besoin d'assistance concerne effectivement peu de monde, car la majorité souhaite un partenaire amoureux », précise Catherine Agthe Diserens. « Et 95% des demandes viennent d'hommes qui souhaitent une assistante femme. »
Dans ce cas, elle fait parfois appel à Michèle, prostituée de 52 ans, menue, qui s'exprime joyeusement :
« En plus de mes “messieurs” habituels, j'ai voulu me perfectionner dans la prise en charge de personnes dépendantes. Ma sœur est infirme, je suis sensibilisée au problème et n'ai pas peur du handicap. Maintenant, je sais comment m'occuper de ceux qui sont paralysés ou ont une sclérose.
On se fait des bisous, je les laisse me toucher, mais je vais moins loin qu'avec mes autres messieurs. Leur faire du bien est pour moi fabuleux.
Certains connaissent leur premier émoi sexuel avec moi, à près de 40 ans. Cela les repositionne tout de suite dans la société. Un jour, l'un d'entre eux m'a dit : “Tu m'as réalisé, maintenant je suis un homme”. »
Répondre à cette misère sexuelle
L'assistance sexuelle est-elle une forme de prostitution ? La position de Catherine Agthe Diserens est claire :
« Pour le confort de l'assistant et pour celui des institutions et des familles, il faut que les deux statuts soient différents. Les aidants s'adressent exclusivement aux personnes handicapées qui ne sont pas autonomes, qui ont peur de la prostitution ou dont les tuteurs ont des réticences à faire appel à quelqu'un en dehors du milieu médical.
Je ne suis pas pour la prostitution, qui peut être pour ? En même temps, les assistants ont choisi librement de répondre à cette misère sexuelle. Pour autant, il ne faut pas ériger ce modèle en solution miracle : il faut juste que cette offre existe. »
Quant à Florian, il a, depuis, cessé son activité d'assistant. Des bénéficiaires ont montré des signes d'attachement qui l'ont fait s'interroger : « Même si j'ai appris à me protéger, cela me touche, me perturbe par rapport à mon éthique d'assistant. »
Article original sur danactu-résistance
Retour sur Rencontre-HandicapLe manque d'accompagnants pour les élèves handicapés provoque la colère des parents de Bara-Cabanis
2011-09-07 08:37:52.078
Bilal est atteint de trisomie 21, Nathan est paralysé du côté droit,
mais leurs mères, Meriem et Cindy, parlent d'une même voix : « On dirait que tout est fait pour nous décourager de les scolariser en milieu ordinaire. » En plus de Bilal et Nathan, l'école Bara-Cabanis compte huit autres élèves atteints d'un handicap. D'où la stupeur des parents, lundi matin, quand ils ont découvert qu'un seul EVS (emploi de vie scolaire, comprendre un accompagnant pour les élèves porteurs d'un handicap) avait fait sa rentrée. En juin, la directrice de l'école, Nicole Taquet-Leroy, avait pourtant fait la demande pour en recevoir cinq. Hier, les parents de certains élèves concernés mais également des représentants des parents d'élèves et du syndicat d'enseignants SNUIPP-FSU, ainsi que Michelle Demessine, adjointe au maire, tenaient une « réunion de crise ».
Déscolarisation
« On nous dit que les personnes ont été trouvées mais que les contrats ne sont pas encore signés », explique les parents qui dénoncent un imbroglio administratif.
Autant que de la colère, on sentait de la lassitude car cette « crise » n'est pas la première. En mars de l'année passée, l'école s'était déjà mobilisée pour un problème similaire. Car les conséquences de ce manque d'encadrants peuvent être graves. « Même si ce n'est pas une déscolarisation dans les faits, si l'élève n'est pas accompagnée... », déplorent ces parents qui relatent le cas d'une petite fille attendue en maternelle depuis un an mais qui, faute d'EVS, vient de rater une seconde rentrée.
« Action, il doit y avoir et action il y aura », posait hier Nicolas Senechal, représentant des parents d'élèves. Des personnalités devraient être sollicitées afin de remplir le rôle d'EVS. De guerre lasse, Sabine Wilson, dont le fils, atteint d'un handicap physique, est scolarisé depuis trois ans, a même décidé de renvoyer l'affaire devant les tribunaux. Soit en portant plainte, soit en déposant un référé au tribunal administratif pour non-respect de la loi sur l'égalité des chances.
Quatre contrats de six mois
Éric Guillez, inspecteur de l'Éducation nationale adjoint annonçait hier que « la situation (allait) être réglée dans les prochains jours ». Les contrats de deux EVS devraient être renouvelés et deux personnes supplémentaires sont en cours de recrutement.
Mais les contrats d'EVS, des emplois aidés, ne durent que six mois et ne sont renouvelables qu'une fois. « Le manque d'accompagnant est un problème qui se répète tous les six mois. La situation n'est pas facile en soi. Là je suis vraiment fatiguée », expliquait Sabine Wilson.
Article original sur La Voix du Nord
Retour sur Rencontre-HandicapRentrée scolaire : plus d'handicapés mieux accompagnés
2011-09-05 08:25:53.821
La scolarisation des enfants handicapés, qui n'a cessé d'augmenter depuis la loi «Handicap» de février 2005, bénéficie à partir de la rentrée scolaire du 5 septembre 2011 d'assistants aux contrats moins précaires, mais la diminution des enseignants spécialisés désoriente associations et syndicats.
212.640 enfants scolarisés en milieu ordinaire
A la rentrée 2011, 212.640 élèves handicapés sont scolarisés en milieu ordinaire (90% à temps complet), soit 11.250 de plus qu'à la rentrée 2010 et 45% de plus qu'en 2004-2005, selon le ministère de l'Education nationale. L'an dernier, ils étaient 126.294 en primaire et 75.094 dans le secondaire.
Mais cette évolution, depuis la loi de février 2005 qui pose le droit pour chaque enfant handicapé d'être scolarisé dans l'école de son quartier, ne s'est pas faite sans mal, notamment en doublant le nombre d'accompagnants avec parfois des contrats très précaires.
A chaque rentrée, avec le non-renouvellement de certains contrats, parents et professionnels du handicap interpellaient le gouvernement, dénonçant les difficultés que créaient pour les enfants les changements d'accompagnants et le manque de véritables perspectives professionnelles pour ces derniers.
Pas de perspectives pour les accompagnants au-delà de six ans
Aussi Nicolas Sarkozy a-t-il annoncé, lors de la Conférence nationale du handicap le 8 juin 2011, une amélioration: les « contrats aidés » les plus précaires seront progressivement remplacés par des « contrats d'assistants d'éducation de trois ans, renouvelables une fois ».
Dans une lettre du 4 juillet 2011 du ministère aux recteurs, cet engagement est précisé: 2.000 assistants seront recrutés en cette rentrée (un bilan très précis est demandé avant le 5 octobre prochain), 2.300 en 2012 et à terme l'accompagnement sera exclusivement pris en charge par eux.
« Il y a une volonté de répondre de façon plus pérenne à l'accompagnement des élèves, ça va dans le bon sens pour les enfants et leurs familles », a commenté, auprès de l'AFP, Nelly Paulet qui suit ce sujet au Syndicat des enseignants (SE-Unsa). « Mais on n'ouvre pas de perspectives professionnelles pour les accompagnants au-delà des six ans et ça ne va pas forcément dans le bon sens pour le fonctionnement de l'école », ajoute-t-elle.
En effet, comme priorité sera accordée à la prise en charge du handicap, l'assistance administrative aux écoles, qui se faisait aussi via des contrats aidés, sera réduite.
S'agissant des contrats correspondant aux assistants administratifs de directeurs d'école et aux autres fonctions, il a été demandé pour cette rentrée aux recteurs « de ne procéder à aucun recrutement ni renouvellement, y compris pour les contrats n'ayant pas atteint la durée maximum ».
Diminution régulière d'enseignants spécialisés
D'autre part, syndicats et associations dénoncent la diminution régulière, pour cause de suppressions de postes ou faute de formation, d'enseignants spécialisés dans le handicap qui travaillaient dans les classes d'inclusion scolaire (Clis), les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) et au sein des réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased).
« La logique est de recourir le plus possible à l'éducation en milieu ordinaire », répond-on au ministère, « tout enseignant va maintenant s'occuper d'enfants handicapés et on va rapprocher les compétences des professeurs des milieux ordinaires et spécialisés ».
Sauf que « le ministre ne propose pas de plan de formation au sein de l'Education nationale », déplore Nelly Paulet, dans un contexte où les budgets de formation continue ne cessent de baisser.
Article original sur Parlonsen83
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