Maryse, tétraplégique, a vu « Intouchables » : « À pleurer de rire ! »
2011-11-09 09:20:50.033
Nous avons été voir le film avec Maryse Bastien, 60 ans, tétraplégique comme le personnage incarné dans le film par François Cluzet. Voici ses impressions et ses moments préférés.
En route pour une comédie populaire dans laquelle un riche tétraplégique apprend à cohabiter avec un jeune banlieusard. Le Kinepolis de Bruxelles est accessible aux personnes à mobilité réduite. Mais, lorsqu'on accompagne une personne en chaise roulante, on se rend compte que tout n'est pas si facile que cela. La salle dans laquelle est projeté le film est accessible aux personnes handicapées. Un ascenseur nous y amène mais, une fois dans la salle, nous sommes obligés de nous asseoir au premier rang. « Dans certains cinémas, on accède directement en milieu de rangée. Ça évite de devoir passer tout le film avec la tête relevée », explique Maryse, romaniste et tétraplégique depuis 8 ans.
Les lumières s'éteignent, le film commence. En force. Une course-poursuite en voiture nous plonge dans l'univers de Philippe (François Cluzet), tétraplégique fan de musique classique, et de Driss (Omar Sy), son aide-soignant tout juste sorti de prison…
Une heure et demie plus tard, un taxi spécial vient nous rechercher derrière le cinéma et nous conduit au CTR, le Centre de traumatologie et de réadaptation de Bruxelles où Maryse séjourne. Pendant le trajet elle lâche d'emblée : « Un beau film ! » L'aide soignante qui l'accompagne approuve : « Très humain ! Mais parfois ils y vont ! » Nous arrivons au centre et attendons qu'on nous indique un endroit où discuter. Le temps pour Maryse de fumer une cigarette qu'elle tient grâce à un dispositif créé par un membre de sa famille. « Je me suis brûlée plusieurs fois avant qu'on ne me fabrique ça. »
Pas de pitié !
L'interview a lieu dans l'appartement qui sert lors des derniers jours de réadaptation pour voir si la personne est capable de se débrouiller seule. Les premiers mots qui viennent à l'esprit de Maryse ? « A pleurer de rire ! Mais très humain ! » Elle détaille alors ses impressions à propos d'un film qui montre avant tout la rencontre de deux êtres, chacun handicapé à sa manière. Ce que Maryse a préféré ? L'absence de pitié ! « Le personnage de Driss, le jeune aide-soignant, n'hésite pas à balancer son handicap à la figure de Philippe, le tétraplégique. Parfois de façon assez violente. » Il arrive en effet au jeune Driss d'oublier que son patron ne sait plus bouger ni ses bras, ni ses jambes. « J'aime mieux ça que quelqu'un qui est tout le temps en train de nous aider et ne nous laisse rien faire. »
Une comédie de mœurs
Selon Maryse, la réalité du handicap est bien montrée même s'il y existe quelques petites différences ou inexactitudes. « Les scènes où on voit Driss porter Philippe par les épaules me paraissent étranges car ce n'est pas comme cela que l'on procède normalement. Mais ce n'est qu'un détail. »
François Cluzet, qui incarne le tétraplégique, contribue à la justesse du film. Dans sa manière de se tenir notamment. « Certaines réactions, comme celle du rejet sont vécues par la plupart des accidentés », témoigne Maryse. Ce que les médecins appellent les douleurs fantômes aussi. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Maryse est de retour au centre. « C'est très bien expliqué dans le film. On voit qu'il souffre alors qu'il est censé ne plus rien ressentir. »
Un film juste donc, mais pas vraiment une comédie selon Maryse. « J'appellerais plutôt ça une comédie de mœurs car il y a autre chose derrière les rires. »
Article original sur lesoir.be
Retour sur Rencontre-HandicapBelgique : seulement 13 gares totalement accessibles aux PMR dans tout le pays
2011-11-08 08:53:11.015
Scandale en Belgique : seulement 13 gares sont totalement accessibles aux personnes à mobilité réduite dans tout le pays. Une véritable honte en matière d'égalité des chances et d'équité en matière de transport en commun. Ne jouons pas sur les mots, nous parlons ici d'accessibilité totale et non pas d'accessibilité partielle .
Une gare est considérée comme totalement aux personnes handicapées lorsque celle-ci dispose au moins d'un accès sans obstacles entre la voie publique et les guichets, que ses sanitaires soient accessibles et adaptés pour les moins-valides et enfin que le nombre de places de parking réservées pour personnes à mobilité réduite soit suffisant.
De source ministérielle, il apparait qu'en Belgique, seulement 13 gares répondent à ces simples critères. Celles-ci sont localisées aux endroits suivants :
- Anvers-Centraal
- Bruxelles-Centraal
- Bruxelles-National (aéroport zaventem)
- Gembloux
- Gand-Dampoort
- Knokke
- Liège-Guillemins
- Mol
- Namur
- Saint-Nicolas
- Verviers-Central
- Vilvorde
- Wetteren
Pourtant dans le contrat de gestion 2008-2012, le holding SNCB s'est engagé à ce que 52 gares soient totalement accessibles aux personnes handicapées à mobilité réduite d'ici la fin de l'année prochaine ce qui devrait concerné 60 pour cent des voyageurs transportés. On ne peut pas pavoiser devant de tels chiffres
Toutes les gares belges devraient être modifiées d'ici 2028 à moins que les mesures d'austérité et les réductions budgétaires n'en décident autrement. En effet, contrairement à la France, la Belgique ne possède pas de loi cadre contraignante et unique au niveau de l'accessibilité du bâti au handicap comme la loi handicap de février 2005, rien n'est donc absolument certain.
En revenant dans un cadre de développement à « court terme', le contrat de gestion conclu entre l'Etat et Infrabel, gestionnaire du réseau belge et responsable des quais, stipule que 50 gares devront être accessibles d'ici 2018, en les dotant d'ascenseurs ou de rampes, de manière à créer un réseaux de gares accessibles dans un rayon de 30 kilomètres de n'importe quel endroit en Belgique.
13 gares accessibles aux personnes à mobilité réduite en Belgique en 2011, on croit vraiment rêver, un véritable scandale au 21ème siècle.
Article original sur handimobility
Retour sur Rencontre-HandicapLa MDPH n'aime pas l'handi-parentalité
2011-11-07 08:24:07.39
La Maison Départementale des Personnes Handicapées du Val d'Oise conteste à une jeune maman le droit d'organiser sa vie de famille en gérant elle-même les aides humaines dont elle a besoin. Enquête.
L'amour, la vie à deux et la naissance d'un enfant : voilà une réalité que les Maisons Départementales des Personnes Handicapées gèrent plus ou moins bien. Et plutôt mal dans le Val d'Oise, où réside Marie-Antoinette Vicaire. Elle y a rencontré l'amour avec Sébastien : on vous l'a raconté il y a tout juste quatre ans. Depuis, ils se sont mariés et un petit Alix est né, il y a 15 mois; déjà très autonome, comme s'il avait déjà compris qu'il devait se faire tout léger pour ses parents... Des parents qui pensaient pouvoir gérer au mieux les aides humaines dont Marie-Antoinette a besoin. La Commission des Droits et de l'Autonomie de la Personne Handicapée (CDAPH) de la MDPH du Val d'Oise en a décidé autrement, au mépris du projet de vie demandé à Marie-Antoinette : après 14 mois de péripéties (narrées sur un blog) elle lui a accordé près de cinq équivalents temps-plein d'aides humaines, mais sans laisser à la famille la liberté de les gérer ainsi que la réglementation le permet. Marie-Antoinette souhaitait salarier son mari comme aidant : elle en a le droit, la CDAPH le refuse, n'accordant qu'un "dédommagement familial" équivalent à deux temps-plein payés à 29% d'une aide humaine salariée. La Commission n'accepte qu'un seul temps-plein en emploi direct, pour un salaire de 1.817€, et deux temps-plein en mode prestataire, coûtant l'équivalent de trois temps-plein en emploi direct !
Au terme de longs mois de dialogue difficile, Marie-Antoinette a obtenu le volume d'heures d'aides à domicile que sa dépendance nécessite. Mais la répartition de ces aides dépossède la famille de la gestion de sa vie, et ce pour des raisons difficiles à comprendre : l'emploi direct demandé par Marie-Antoinette faisait réaliser au Département 20% d'économies, tout en respectant la vie de famille et le choix de vie. Marie-Antoinette, qui aurait pu gérer les interventions de ses personnels, se voit imposer par un prestataire des aides humaines peu ou mal formées, aux horaires qui conviennent... au prestataire.
Une MDPH injoignable.
Contacter la Maison Départementale des Personnes Handicapées du Val d'Oise est un parcours du combattant qui rappelle le vieux sketch de Fernand Raynaud "Le 22 à Asnières" : le numéro de téléphone indiqué sur la page dédiée du site web du Conseil Général n'est plus en service ! Les appelants sont dirigés vers un numéro d'informations générales. Là, on indique que la directrice, Isabelle Du Couédic, répond à un autre numéro vers lequel (évidemment) il n'est pas possible de basculer l'appel... Enfin, au bout d'une longue d'attente à ce numéro, un correspondant annonce à son tour qu'il ne peut transférer l'appel à la directrice de la MDPH ! Une employée, contactée un peu plus tard, confirme qu'Isabelle Du Couédic ne peut être jointe par téléphone : "On peut communiquer par courrier", ajoute-t-elle...
Pas davantage de succès auprès du Médiateur du département du Val d'Oise, Robert Daviot : il est hospitalisé depuis peu et le dossier de Marie-Antoinette, "assez gros et conséquent" selon sa secrétaire, est dans la pile de dossiers qui attendent d'être étudiés depuis juin 2011 ! "Il est aussi maire, ajoute la secrétaire; je le ne verrai que début décembre. C'est la première fois depuis 2004 que le Médiateur est absent, cela n'a pas été prévu." A son retour, Robert Daviot trouvera une masse de litiges concernant les relations entre personnes handicapées et MDPH, qui constituent la plupart des demandes adressées au Médiateur.
Finalement, après avoir saisi le Conseil Général, la directrice de la MDPH, Isabelle Du Couédic, apporte in extremis les précisions suivantes : "La CDAPH a décidé que le conjoint serait dédommagé au titre de la solidarité familiale." Elle confirme le refus par cette Commission de salarier le mari en tant qu'aidant de son épouse, sans toutefois exprimer un avis sur l'éventuel caractère abusif de cette décision au regard de la réglementation. Et ajoute qu'un service d'aide à domicile vient s'occuper de l'enfant quelques heures dans la semaine, pour soulager le père. Mais Isabelle Du Couédic admet que c'est bien le père valide que l'on aide à s'occuper de son fils, et non la mère handicapée...
Aucune aide à l'handi-parentalité.
L'idée qu'une femme handicapée dépendante puisse être mère n'est manifestement pas entrée dans l'esprit des auteurs et législateurs de la loi de février 2005 : l'aide humaine pour s'occuper d'un enfant né d'une mère handicapée n'est pas prise en charge. En 2009, Valérie Létard alors secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, avait annoncé que cette question serait incluse dans la création du 5e risque Dépendance. Depuis, le sujet est tombé aux oubliettes et la situation demeure ubuesque : la réglementation fait que les aides humaines sont financées pour s'occuper d'une femme handicapée ne pouvant effectuer tous les actes de la vie quotidienne, à l'exclusion de son enfant ! Seule réponse de Roselyne Bachelot-Narquin, ministre chargée des personnes handicapées : l'augmentation, annoncée en juin 2012, du complément de libre choix du mode de garde d'un enfant.
Une travailleuse familiale a bien été proposée à Marie-Antoinette, mais aux frais de celle-ci, ce qu'elle ne peut assumer avec son unique revenu : l'Allocation aux Adultes Handicapés. Sans sourciller, le président de la CDAPH a même osé proposer une solution radicale : puisque le mari dit ne pouvoir s'occuper, à la journée et la nuit longue, de sa femme et de son fils, plaçons la mère dans un foyer et le fils dans une famille d'accueil ! A croire que le département du Val d'Oise veut faire payer, au prix fort, l'amour que se portent Marie-Antoinette et Sébastien, en brisant leur famille et en sacrifiant leur enfant sur l'autel de la bureaucratie.
Article original sur Yanous !
Retour sur Rencontre-HandicapHandicap : 7 entreprises sur 10 font appel au secteur adapté ou protégé
2011-11-04 08:58:41.531
A l'approche de la 15ème semaine pour l'emploi des personnes handicapées (qui se tiendra du 14 au 20 novembre dans toute la France), Humanis vient de publier son premier baromètre "Entreprises, osez l'ESAT" de la sous-traitance avec le secteur protégé et adapté [1]. On apprend ainsi que plus de 68 % des entreprises ont acheté des produits ou des services à des entreprises adaptées (EA) ou des établissements et services d'aide par le travail (Esat) entre 2010 et 2011. En 2006, elles n'étaient que 26 % selon la Dares, 33 % en 2008. « C'est une surprise, admet Alain Gisselbrecht, directeur conseil chez HandiExpeRH. Le taux de recours a eu une envolée spectaculaire, le changement de comportement des entreprises vis-à-vis du secteur est très net. »
Un beau résultat à nuancer toutefois : la somme médiane dépensée à destination du secteur protégé ou adapté n'est que de 1 500 euros par an et 75 % des montants sont inférieurs à 4 750 euros. « Des entreprises ont effectué des achats symboliques », reconnaît Alain Gisselbrecht.
Un taux de satisfaction de 95 %
Les entreprises justifient le recours à ces secteurs par une volonté de "faire une action citoyenne en direction des personnes handicapées" (à 70,1 %). Mais également afin de faire baisser leur contribution Agefiph (à 56,7 %) : depuis 1987, les entreprises de plus de 20 salariés ont l'obligation d'employer au moins 6 % de personnes handicapées, faute de quoi elles doivent verser une contribution à l'Association nationale de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph). Le fait de sous-traiter certaines activités à des entreprises protégées ou adaptées (voir encadré) permet de réduire cette contribution.
La sous-traitance se fait principalement dans le domaine de l'informatique/bureautique (58,8 % des produits ou services achetés en 2010-2011), la propreté/entretien (29,1 %) et les espaces verts (22,1 %).
Finalement, 95 % des entreprises ayant recours aux secteurs protégé et adapté sont satisfaites des prestations fournies.
Les entreprises, clientes comme non clientes, voient cependant un frein à la sous-traitance : les prix jugés trop élevés des produits et services (59,9 % des sondés). « Les entreprises n'intègrent pas forcément l'intégralité du calcul économique », souligne Alain Gisselbrecht, en référence à la réduction de la contribution Agefiph que la sous-traitance apporte par ailleurs.
Si le secteur se développe, il n'est pas dit que l'"envolée" actuelle se poursuive l'an prochain : Humanis prévoit une infime hausse de 0,34 % des achats en 2012 et plus de 70 % des entreprises non clientes ne comptent pas faire appel à des entreprises adaptées ou protégées à l'avenir.
Article original sur viva.presse.fr
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