Vivre avec un chien d'assistance
2011-12-05 09:01:29.453
Handi'Chiens (Association Nationale d'Education de Chiens d'Assistance pour Handicapés), créée en 1989 sous le nom d'ANECAH, a pour mission d'éduquer des chiens d'assistance destinés à aider au quotidien les personnes handicapées.
Quelles démarches ?
Faire la demande auprès du siège social ou de l'un des quatre centres de formation Handi'Chiens, remplir un dossier et se soumettre à un entretien complet. Pour obtenir un chien, une personne, même avec un handicap lourd, doit faire preuve d'une motivation suffisante pour assumer la responsabilité d'un animal. Elle doit également avoir un bras semi-valide pour pouvoir manipuler la laisse, caresser le chien et récupérer les objets, et posséder une élocution compréhensible, avec de bonnes intonations. Le médecin doit se prononcer (autorisation inscrite dans le dossier d'adoption) sur la capacité de son patient à s'occuper de son animal. Cette démarche implique évidemment le consentement de toute la famille. C'est pourquoi l'association Handi'Chiens réalise l'entretien des postulants au domicile afin de pouvoir apprécier leur mode de vie et détecter, notamment dans le cas de troubles du comportement, des risques potentiels de maltraitance. Reste une contrainte souvent difficile à assumer pour l'entourage : pour préserver le lien entre le chien et son maître et permettre à ce dernier de conserver son rôle de dominant, la famille n'est autorisée à caresser le chien que sur son ordre.
Préparer le chiot
Les chiots sont choisis dès l'âge de sept semaines à la suite d'un test de caractère spécifique permettant d'écarter ceux trop craintifs, trop indépendants ou manquant de soumission. De 2 à 18 mois, ils sont placés dans des familles d'accueil bénévoles qui les familiarisent avec le monde extérieur et participent à leur pré-éducation. De 18 à 24 mois, les chiens reçoivent une éducation spécifique assurée par les éducateurs d'Handi'Chiens sur l'un des quatre centres de formation de l'association, au cours de laquelle ils apprennent les ordres les plus complexes. Ils sont ensuite présentés à un stage de passation afin de rencontrer leurs futurs maîtres et d'apprendre à travailler avec eux.
Ouvrir une porte, allumer la lumière
Tous les chiens d'aide sont éduqués pour répondre à environ 50 ordres vocaux de base. « Hup lumière » et le chien se jette sur l'interrupteur. Mais aussi "Porte" pour ouvrir; "Recule", "Ramasse"... Un stage de 15 jours, avec une équipe de professionnels, est nécessaire pour apprendre à gérer le chien. Au terme de cette formation, il est capable d'ouvrir un placard ou un tiroir, en saisissant par exemple un morceau de tissu accroché à la poignée et de les refermer ensuite d'un coup de patte. Les ordres s'affinent au fil de la relation et des besoins de la personne handicapée : certains chiens ont même appris à déshabiller leur maître en tirant sur son pantalon ou ses chaussettes.
Ramasser ou transporter des objets
S'il ne remplace en aucun cas la famille ou l'auxiliaire de vie, le chien d'assistance est capable de rendre de nombreux services comme ramasser ou de transporter tout objet, même les plus petits comme une carte de crédit ou un trousseau de clés.
Aboyer en cas de danger
La présence du chien est réconfortante car il peut prévenir l'entourage en cas de problème. En réponse à un simple geste de la main, le chien se met à aboyer, mais il arrive souvent que ce dernier prenne les devants s'il suspecte une situation inconfortable pour son maître.
Rester calme en toutes circonstances
Lorsque la situation l'exige (toilettage, soins...), le chien doit être capable de maintenir une position donnée pour ne pas représenter une gêne. Mais même couchés aux pieds de son maître, il reste en éveil et disponible à la moindre sollicitation, par exemple pour effectuer une transaction : face à un comptoir trop haut il donne un porte-monnaie ou récupère un objet. Comble de l'éducation, et pour éviter tout « accident » dans les lieux publics, le chien est même capable d'uriner et de faire ses besoins sur commande.
Se montrer complice et amical
Pour pourvoir entrer dans tous les lieux publics, les chiens (le plus souvent de race labrador ou golden retriever) sont identifiés par une cape Handi'Chiens, munie de poches. Ils sont dressés à ne pas tirer pour aller sympathiser avec d'autres congénères. Mâles et femelles sont stérilisés. Les chiens dominants et agressifs ayant été éliminés lors de la sélection, il est tout à fait envisageable d'avoir un deuxième animal au domicile. Dans la rue, le chien d'assistance constitue un lien social irremplaçable et un formidable vecteur de communication, qui souvent arrive à masquer la présence du fauteuil.
Combien ça coute ?
Les chiens sont offerts aux personnes handicapées, le coût de la formation (environ 12 000 euros par animal) étant, en totalité, assumée par l'association Handi'Chiens.
Article original sur handicap.fr
Retour sur Rencontre-HandicapUnivers'emploi : l'Europe coache les étudiants handicapés
2011-12-02 10:15:52.343
Un binôme travailleur/étudiant handicapé. C'est le concept Univers'emploi qui permet aux jeunes européens d'entrer dans le monde du travail avec l'appui d'un parrain expert. Suresnes rejoint le mouv' le 28 novembre 2011.
Univers'emploi, c'est quoi ? C'est un projet pilote européen qui est né du paradoxe suivant : en dépit des lois et des campagnes de sensibilisation, l'augmentation du nombre d'étudiants handicapés ne se traduit pas pour autant par une hausse du nombre de travailleurs handicapés accédant à un emploi.
Pour parer à cette incohérence, le CSC (Centre d'aide et d'accompagnement psychopédagogique) de l'université d'Aarhus, au Danemark, a mis en place un dispositif novateur. Il a ensuite été enrichi, dans le cadre du programme européen Léonardo, au sein d'un projet de recherche impliquant la France, le Danemark, l'Italie et l'Irlande, avec la mise en place d'outils transférables à chaque contexte national. C'est ainsi qu'Univers'emploi est né !
Binômes en action
Quel est son principe ? Le binôme ! L'étudiant présentant des besoins éducatifs particuliers, en fin de cycle universitaire et donc proche de l'insertion professionnelle, et un professionnel, issu par exemple d'une grande entreprise, désireux de l'accompagner, forgent ensemble un projet professionnel cohérent. Les parrains sont évidemment tous volontaires, sensibilisés à la question du handicap, parce que parfois eux-mêmes dans cette situation. Ils garantissent la connaissance du marché de l'emploi, mettent leur réseau à profit et offrent de précieux conseils au fil des démarches de recherche d'emploi. Le Trinity college de Dublin et l'université Foro Italico de Rome sont partenaires officiels du projet. En France, ce sont vingt étudiants de trois sites universitaires (Nanterre, Montpellier, Strasbourg) qui vont se lancer à la conquête de cet « Univers »...
L'INS HEA aux manettes
C'est l'INS HEA qui, en France, pilote la mise en œuvre d'Univers'emploi, en divulguant ce concept auprès des universités et entreprises. Cet institut national supérieur de formation et de recherche pour l'éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés agit pour la prévention des difficultés scolaires et l'enseignement des enfants, adolescents et adultes qui présentent des besoins éducatifs particuliers. Il aura, dans un deuxième temps, pour mission d'analyser les comptes-rendus d'expériences transmis par les parrains afin de mesurer les bénéfices d'un tel procédé. Il agit en partenariat avec Tremplin-entreprises, une association qui a pour vocation de préparer les personnes handicapées à leur insertion professionnelle. Ces deux partenaires participeront à des groupes de travail afin d'élaborer une véritable méthodologie de l'accompagnement vers l'emploi des étudiants handicapés. Le projet produira notamment un guide d'accompagnement destiné aux universités, une action de formation pour son personnel et un kit pédagogique pour les entreprises.
Suresnes, impliquée à double titre
C'est au tour de Suresnes, ville particulièrement impliquée en matière d'insertion des travailleurs handicapés (elle a signé dès 2001 la charte Ville Handicap), d'entrer dans la danse. Doit-on voir dans le fait que l'IN SHEA est implanté dans cette commune des Hauts-de-Seine un simple hasard ? Une convention sera signée le 28 novembre 2011. Jusqu'en juin 2012, cinq agents de la ville vont accompagner, informer, rassurer et guider cinq étudiants handicapés. C'est le cas de Patrick Devemy, fonctionnaire territorial. Il a travaillé douze ans en centre de rééducation, entrainé l'Equipe de France de natation handisport et continue d'œuvrer et d'enseigner au sein de l'association D'un corps à l'autre.
« Ce parrainage, résume-t-il, est une continuité de mon engagement pour le lien social et contre la marginalisation. Les étudiants handicapés appréhendent l'entrée dans le monde actif et trop souvent se positionnent en retrait en minimisant leurs chances ». Pour illustrer ses objectifs, il cite l'exemple d'une nageuse, amputée des deux bras et des deux jambes, devenue une juriste reconnue en droit international. « Mon but est d'amener l'étudiant à définir sa sphère de compétence pour l'aider à se positionner en tant qu'expert sur le marché du travail ». Face à lui, ou plutôt à ses côtés, Marc Masamba, 26 ans. Malvoyant de naissance (il a perdu la vue en 2009), il a très été contraint, très tôt, d'adapter ses choix scolaires à son handicap. Actuellement étudiant en Master 2 en Administration économique et sociale (AES) à l'Université de Nanterre, il se jettera dans le « grand bain » de l'emploi à la rentrée 2012. Alors avec un ancien maître nageur en guise de coach, pas question de perdre pied...
Article original sur Handicap.fr
Retour sur Rencontre-HandicapLes handicapés bénécieront du pactole d'Intouchables
2011-12-01 10:11:19.995
Une association touche cinq centimes par entrée. Les premiers bénéfices, estimés à 500.000 euros, financeront un habitat pour valides et handicapés.
Alors qu'Intouchables vient de franchir la barre des dix millions d'entrées en salle, l'association Simon de Cyrène tire des plans sur la comète. Elle s'apprête à décrocher un jackpot inespéré : 5% des bénéfices réalisés par les producteurs du film phénomène.
Un pourcentage demandé par Philippe Pozzo di Borgo, l'ancien patron de Pommery devenu tétraplégique et incarné par François Cluzet, quand il a accepté que l'histoire de sa vie se transforme en fiction. Avant que la transposition à l'écran de son duo avec Abdel, le caïd auxiliaire de vie, ne fasse chavirer le coeur d'une foule de Français, l'artistocrate avait présidé cette association aux valeurs chrétiennes et humanistes dédiée à l'habitat social des personnes handicapées.
5 centimes par place
«Dans un premier temps, nous nous allons toucher environ 500.000 euros», estime Laurent de Cherisey, quadragénaire bon chic bon genre et spécialiste de l'entreprenariat social, qui pilote la structure depuis 2006.
«Nous touchons environ 5 centimes par place car il faut déduire l'amortissement des coûts du film, la part du distributeur, des coproducteurs», estime-t-il. Mais,le pactole de l'association pourrait doubler ou tripler en fonction de la trajectoire de l'oeuvre, notamment sur DVD.
Cette somme inespérée permettra de financer des communautés de logements sociaux peuplées pour moitié de personnes dont la vie a basculé à la suite d'un traumatisme crânien ou d'un accident cérébro-vasculaire et pour moitié de personnes valides (maîtresse de maison, assistants salariés et étudiants volontaires associatifs). Un attelage entre fauteuil roulant et bras vaillants en parfaite adéquation avec le message d'Intouchables.
Des projets à Angers, Rungis, Nantes, Dijon ou Bordeaux
Ce projet centré sur le «vivre ensemble», conçu pour être au coeur de la Cité, a été inspiré par les communautés de l'Arche de Jean Vanier. L'association Simon de Cyrène, qui tient son nom de l'homme qui aide le Christ à porter sa croix au moment de la Passion, tient à rappeler que les valeurs de partage sont indissociables de la mise en route d'un chantier.
«Ce sont les histoires d'amitié qui permettent à chaque maison de prendre leur sens», martèle Laurent de Cherisey. Le premier habitat, composé de 70 studios individuels, a vu le jour début 2010, à Vanves. Ce projet ambitieux a coûté 5 millions d'euros. «Pour cet ensemble, nous avons pu mobiliser une mise initiale d'un million d'euros récoltée grâce à des mécènes. Le reste est issu de subventions publiques pour le logement social et d'un emprunt à la Caisse des dépôts».
La manne financière inattendue desIntouchables ne devrait donc pas lui donner le vertige. Bien au contraire. Encouragé par l'engouement du public pour le sujet, Laurent de Cherisey n'hésite pas à viser bien plus haut.
«Nous espérons que le film va servir de déclencheur et créer un effet boule de neige. Notre but est d'investir 10 millions d'euros d'ici trois ou quatre ans et créer des communautés dans dix nouvelles villes», avance l'audacieux dirigeant de Simon de Cyrène qui ne voit pas pourquoi la chance arrêterait de lui sourire. D'ores et déjà, il imagine les bénéfices du film faire sortir de terre des maisons partagées à Angers, Rungis, Nantes, Dijon ou Bordeaux. La construction d'une structure de vacances et de répit à l'île de Ré est également envisagée.
10.000 nouveaux handicapés chaque année
Son engagement et son enthousiasme prennent leurs racines dans un drame familial, celui de sa soeur, devenue gravement handicapée à l'âge de 17 ans après un accident de voiture.
«Chaque année en France, la vie de 10.000 personnes bascule dans le handicap à la suite d'un accident. Depuis les années 80, ces personnes survivent grâce aux progrès et au développement de la médecine d'urgence mais elles ne trouvent pas leur place dans une société qui exige que nous soyons toujours plus rentables, plus efficaces, plus performants. C'est un paradoxe moderne : nous avons aujourd'hui les moyens de garder en vie des gens qui ne rentrent pas dans ce schéma et qui nous posent la question du sens de l'existence», confie-t-il. Reste à savoir si l'élan du coeur des spectateurs pour le film trouvera un écho hors des salles obscures.
Article original sur Le Figaro
Retour sur Rencontre-HandicapHandicap et marketing : pas très sexy la pub !
2011-11-30 09:18:08.671
Handicap et marketing était encore un mariage improbable il y a quelques années. Le handicap, c'est le " parent pauvre " de la pub, aussi bien institutionnelle, associative que grand public. Comment lui redonner un peu d'éclat ?
La sanction tombe ! « La com dans le milieu associatif, ce n'est vraiment pas terrible ! ». C'est Franck Hourdeau, directeur associé de l'agence Mediaprism, qui lance ce pavé dans la marre, à l'occasion du colloque "Marketing et handicap" organisé le 17 novembre 2011 par Celsa (grande école en journalisme et communication).
Quoi, pas sexys les pubs des associations de personnes handicapées ? Et d'insister « S'il y a un milieu qui est à la dérive, publicitairement parlant, c'est bien le handicap ! Il n'existe pas de grandes associations internationales de personnes handicapées, comme c'est le cas pour Greenpeace ou Médecins sans frontières (il oublie quand même Handicap international !). Alors on reste sur des campagnes très nationales, ce qui réduit le champ des moyens et des idées !
Lorsqu'Amnesty international tourne un spot, elle peut espérer les meilleurs réalisateurs et les plus beaux mannequins. Gratuitement ! Pour le handicap, vous ne trouverez même pas un photographe haut de gamme. »
Ce à quoi nous sommes tentés de répondre : évidemment, le handicap, ce n'est pas toujours très glamour. Mais il y a indéniablement du vrai dans ce constat. Et d'enfoncer le clou : « Quant à la communication interne, elle est vraiment moche ! Trois mots et une pauvre photo... Il n'y a vraiment rien de spectaculaire. ».
N'en jetez plus, Franck ! Vous allez finir par fâcher l'assemblée. Qu'à cela ne tienne, il repart au combat avec un argument plutôt inattendu : « 90 % du budget communication des associations est destiné à collecter des fonds, alors vous pensez bien qu'elles n'ont pas forcément intérêt à embellir l'image de la personne handicapée car, sinon, les donateurs risquent de se faire rares. C'est l'effet Téléthon ! La petite fille en fauteuil roulant. Une communication émotive et restrictive. » Et pourtant, même ce parent pauvre est capable de susciter des jalousies.
La municipalité de Poitiers, suite à une campagne de pub en faveur de l'emploi des travailleurs handicapés, a été prise à parti par des employés « valides » qui lui reprochaient « d'en faire un peu trop pour les « handicapés » ». Il a suffi d'un seul argument pour apaiser les jalousies : « 85 % des situations de handicap surviennent après 16 ans. Si demain vous devenez handicapé, on fait quoi pour vous ? »
Les entreprises, une communication à plusieurs niveaux
Qu'en est-il maintenant des modes de communication choisis par les grandes entreprises françaises pour remplir les objectifs de leur mission handicap ? Pendant la Semaine pour l'emploi des personnes handicapées, en novembre, les encarts publicitaires ont inondé les revues spécialisées et autres hors-série du Parisien ou de 20 minutes consacrés à « Emploi et handicap ». Comme autant de bouteilles jetées à la mer pour convaincre les travailleurs handicapés de rejoindre leurs rangs... Si toutes les entreprises concernées manifestent une réelle volonté de communiquer sur le sujet, on remarque une nette différence sur la stratégie employée pour évoquer la question du handicap. Propos frontal ou verbe plus subtile.
Une étude menée par deux maîtres de conférences du Celsa, Valérie Jeanne-Perrier et Julien Tassel, passe au crible les affiches éditées par une quinzaine de missions handicap. Elle porte un nom qui en dit long « Cachez ce handicap que je ne saurais voir ! ». Son analyse révèle que le marketing du handicap est tout un art !
Certains, comme Monoprix, Areva ou la Banque populaire ont recours à la métaphore. Le handicap est seulement suggéré, et on ne comprend le message qu'après avoir décodé le texte. Ce sont les partisans de la « méthode douce ». Mais ne faut-il pas avoir la force d'appréhender une terminologie pour la dépasser, être capable de dire au public que la différence n'est pas un drame ?
Vient ensuite l'école des « symboliques », qui franchissent une étape supplémentaire en ayant recours à un pictogramme ou une image, modes de compréhension universels, par exemple un fauteuil roulant ou un chien d'assistance. La tonalité de la composition est euphorique, ponctuée de couleurs vives qui donnent une image positive de la personne handicapée. C'est l'option choisie par la SNCF.
Il y a enfin la sphère « figurative » ! On rentre dans le vif du sujet, sans détour ni dissimulation. BNP ou la Société générale mettent au premier plan une prothèse ou une personne en fauteuil roulant ! Cette option, sans détour, manifeste la nature des engagements : volonté d'ouverture, ambition de transformer les comportements, d'effacer les stigmates... Plus de risque pour autant ?
Halte aux discours, des preuves !
Les entreprises ont tout intérêt à plus d'audace, en évitant les filtres et conventions qui embrouillent le message. Parler de « signature d'accord » ou de « maintien dans l'emploi », c'est un discours de spécialiste. Trop compliqué ! Ces campagnes s'adressent prioritairement aux personnes concernées, les travailleurs handicapés, qui se contentent de mots simples et surtout d'offres concrètes. Or les nobles sentiments et le paternalisme sur papier glacé leur laissent parfois peu de place, et limitent leur implication en tant qu'acteur. « Cela me rappelle le slogan « Touche pas à mon pote », explique Rokhaya Diallo, journaliste. Il sous entendait que le « pote » en question avait besoin d'être protégé alors que c'était à lui d'être au cœur de la communication et de s'exprimer ». Les « Ni pauvre ni soumis ! » l'ont bien compris.
Quand certaines campagnes manifestent un réel engagement social et sont capables de scander (et de prouver ?) « Le handicap est une force », d'autres ne seraient peut-être qu'une vitrine, une démarche qu'on mène au mieux par acquis de conscience, au pire par obligation. Le slogan le plus efficace, le plus transparent, ne serait-il pas : « Travailleurs handicapés, 10 postes à pourvoir. On vous attend ! ». Ni métaphore, ni précaution, ni discours. Des actes, des preuves ! Au lecteur de se faire une opinion : quelle émotion, quelle efficacité, quels faux semblants ? C'est un petit jeu somme toute intéressant... Mais pas toujours facile à décrypter. La réponse vient en partie d'une participante qui s'empare du micro lors du traditionnel jeu des questions- réponses : « Je ressens une véritable overdose de bonne volontés. Je me pose la question de l'efficacité de ces messages. Au final, quels bénéfices pour nous, travailleurs handicapés ? Il faudrait avant tout convaincre les propres managers de ces entreprises qu'ils ont un rôle à jouer au niveau sociétal. Un film comme « Intouchables » nous fait 100 000 fois plus de bien que toutes ces campagnes de pub "corporates". » Ah, les miracles...
Mais cette année 2011 serait-elle celle de tous les possibles ? A défaut de révolution, des évolutions remarquables puisque certaines grandes marques ont choisi de miser sur le handicap. C'est le cas de Thierry Mugler qui, pour son parfum A Men, met en lumière Oscar Pistorius, athlète amputé, ou encore L'Oréal qui affiche une top modèle sud-africaine elle aussi amputée des deux jambes. Plus récemment, la marque de lunette Krys fait d'un jeune homme en fauteuil roulant son égérie. Dernière en date, la boisson Red bull. On vous fait le pitch : un motard sur un circuit cross, intrépide, il prend tous les risques. Il enlève son casque ; c'est une femme, carrément jolie, et qui délivre son message... en langue des signes. Qui a prétendu que le handicap n'était pas une force de vente, qu'il ne ferait jamais rêver ?
Article original sur Handicap.fr
Retour sur Rencontre-Handicap