Hasta la Vista: le voyage avant la destination
2012-02-06 08:57:16.89

Le réalisateur flamand Geoffrey Enthoven vit une belle relation avec le Québec. En 2009, son film Les filles (The Over the Hill Band) a remporté le prix du public au Festival d'Abitibi-Témiscamingue. En août dernier, il a décroché le Grand prix des Amériques et le Prix du public au Festival des films du monde avec Hasta la Vista, son plus récent opus. La Presse l'a rencontré.
Tout a commencé par un documentaire britannique portant sur un jeune Anglais très handicapé qui décide de se rendre jusqu'en Espagne dans le but d'y perdre sa virginité. Là-bas existe un bordel où l'on accueille les gens tels qu'ils sont. L'homme a tellement aimé son expérience qu'il a lancé un appel sur l'internet pour se trouver des potes et y retourner. Deux autres personnes handicapées ont répondu présent. Et la chevauchée est repartie.
«Lorsque mon producteur m'a parlé de cette histoire, nous étions au bureau en train de faire la vaisselle, raconte Geoffrey Enthoven, réalisateur flamand qui signe le très hilare long métrage Hasta la Vista inspiré de cette histoire vraie. À mesure qu'il me racontait cette affaire, je voyais les images défiler. Je trouvais ça dingue. Et en même temps, très honnête. Moi aussi, lorsque j'avais 18 ans, je voulais aller en Espagne pour rencontrer une nana. Tous les jeunes font ça!»
Le réalisateur a pris contact avec les personnes à la tête du documentaire intitulé For One Night Only, dont le personnage principal est Asta Philpot. Il leur a demandé de collaborer à son film de fiction. Car plusieurs éléments ont été modifiés. À commencer par le fait que dans Hasta la Vista, les trois compères, Philippe, Jozef et Lars, quittent la Belgique pour l'Espagne à la barbe de leurs parents.
«Dans le documentaire, les parents accompagnaient les voyageurs, observe le cinéaste. Même si l'idée de base est intacte, notre histoire est bien différente de la réalité. Nous ne voulions pas répéter la même chose. Quand on fait une fiction, ça doit être un film d'aventure, qui parle ici de l'amitié, de la liberté.»
L'amitié sans aucun doute
Amitié! Le mot revient souvent dans l'entrevue. Geoffrey Enthoven est fier de constater que c'est avant tout ce sentiment humain que les spectateurs ont retenu.
«Lorsque nous avons fait des séances-tests, les gens devaient répondre à un questionnaire où il y avait des mots tels amitié, handicapés, voyage, sexualité, amour, liberté. À 95%, ils encerclaient le mot amitié. Et presque seulement ce mot. Ils oubliaient avoir affaire à des personnes handicapées.»
Au départ, M. Enthoven souhaitait faire le tournage avec des personnes handicapées. «J'étais convaincu de découvrir des talents. Mais c'était difficile, avoue-t-il. Il fallait que je sois sûr que la chimie passe entre les trois personnages, comme dans Les filles. Après quelques mois, je me suis concentré sur le personnage de Philippe. Nous avions trouvé une personne capable de jouer ce rôle. Mais le candidat proposait un personnage plutôt triste, alors que, dans le film, il est très marrant.»
Les trois acteurs du film ne sont donc pas des personnes handicapées. Ils ont toutefois plongé dans cette réalité, assure le cinéaste. «Robrecht Vanden Thoren (Philippe) a passé un mois dans un fauteuil roulant. Il lui est arrivé d'être incapable de monter sur un trottoir avec son fauteuil. Comme personne ne l'aidait, il s'est fâché, s'est levé et a poussé son fauteuil sous le regard ébahi des piétons.»
Les trois personnages ont beaucoup de caractère. Et pas toujours dans le bon sens. Enthoven a ainsi voulu montrer que chacun a ses limites.
«Dans le film, les trois garçons apprennent à rigoler de leurs limites, dit-il. Au fond, chez eux, le voyage est plus important que la destination.»
Hasta la Vista sort en salle le 30 septembre.
Article original sur La Presse
Retour sur Rencontre-Handicap5 handicapées stérilisées à leur insu
2012-02-01 10:17:41.5
La France devrait bientôt s'expliquer devant la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) de Strasbourg à l'initiative de cinq femmes handicapées mentales qui disent avoir subi un "traitement inhumain" après avoir été stérilisées à leur insu dans les années 1990 dans l'Yonne.
"C'est une affaire qui pourrait révolutionner le statut des handicapés qui sont considérés comme incapables juridiquement et qui ne peuvent donc pas saisir les tribunaux", affirme Me Corinne Herrmann qui a défendu leur requête devant la CEDH.
Enclenchée en décembre 2008, la procédure "Gauer et autres contre France" a déjà franchi plusieurs filtres à Strasbourg et approche de son terme.
Elles croyaient se faire opérer de l'appendicite
Le combat des cinq femmes a commencé à Sens (Yonne) il y a 12 ans. Salariées d'un centre d'aide par le travail (CAT), elles subissent, à leur insu, entre 1995 et 1998, des opérations chirurgicales de ligature des trompes, dans un but contraceptif. "On a dit à ces femmes qu'on les opérait de l'appendicite alors qu'on les stérilisait", accuse Pierre Derymacker, vice-président de l'Association de défense des handicapées de l'Yonne (ADHY) qui a porté plainte en leur nom en 2000, après avoir déjà mis au jour les crimes d'Emile Louis dans l'affaire des "disparues de l'Yonne". "C'était une redite. Ce sont deux affaires concernant les handicapées et qu'on a voulu étouffer", assure-t-il.
Pas de "politique eugéniste"
Commence alors un long feuilleton judiciaire qui débouche sur un non-lieu en avril 2006, confirmé en mars 2007 par la cour d'appel de Paris, jugeant que la "preuve d'une politique eugéniste concertée au sein du CAT de Sens" n'a pas été apportée et que les stérilisations ne sont pas irréversibles.
Pour Me Herrmann, ces pratiques illégales procèdent bien plus de considérations économiques que de visées eugénistes. "Il est plus compliqué et plus cher de distribuer des pilules contraceptives et de s'assurer qu'elle sont bien prises. Et en cas de grossesse, l'absence au travail a un coût", dit l'avocate.
Après le rejet de leur pourvoi en cassation en 2008, les plaignantes se tournent vers la justice européenne et accusent l'Etat français qui aurait failli à son obligation de contrôle du CAT et n'aurait pas garanti leur droit à une "vie familiale" et à un "procès équitable". "Les actes dénoncés se sont révélés d'autant plus graves (...) que les tribunaux sont demeurés inaccessibles aux victimes handicapées", disent les avocats dans le mémoire transmis à la CEDH.
Selon Me Herrmann, la seule plaignante entendue par la juge l'a été sans avocat et en présence de personnels impliqués dans les stérilisations. "La France doit être condamnée pour qu'on reconnaisse que ces femmes sont victimes mais aussi pour que les handicapées puissent à l'avenir agir en justice sans dépendre de leur tuteur, qui peut parfois avoir lui-même couvert ou commis des actes malveillants", détaille l'avocate.
Cette affaire offre "l'opportunité d'ancrer les droits des personnes handicapées (...) dans le système de protection des droits humains élaboré par la CEDH", estime le Groupe européen des institutions nationales de promotion et de protection des droits de l'Homme (INDH), une structure associée à l'ONU qui s'est joint à la requête.
Le ministère des Affaires étrangères et des Affaires européennes a fait savoir qu'il refusait de commenter "une procédure en cours devant une juridiction internationale".
Article original sur Le Figaro
Retour sur Rencontre-Handicap Festival Angoulême 2012 : la BD " planche " sur le handicap
2012-01-30 09:15:58.296

Le handicap revient en force dans les planches à Angoulême, en parallèle du 39ème festival international de la BD, à l'occasion de deux évènements : la deuxième édition du trophée " Les BDs qui font la différence " et le prix Hippocampe.
Un art avant tout visuel qui offre le meilleur des atouts pour... changer le regard ! La BD constitue un formidable média pour de telles ambitions. Elle a le mérite d'être un support narratif, rythmé et populaire, de toucher à la fois les plus jeunes et les adultes. Elle possède toutes les qualités pour restituer les diversités et sensibiliser le public à la lutte contre les discriminations.
Des auteurs handicapés récompensés
Si le handicap est source d'inspiration, ce rendez-vous angoumoisin a également été l'occasion de mettre en lumière un autre versant de l'alchimie BD et handicap : la promotion d'auteur eux-mêmes handicapés. Pour la 13ème année consécutive, l'association L'Hippocampe a en effet récompensé, le jeudi 26 janvier, ces auteurs « hors du commun » (jeunes et adultes, tous handicaps confondus). Ils planchaient cette année sur le thème « L'évasion, racontée en BD ». Frank Margerin, célèbre auteur de BD, qui s'est impliqué en acceptant la présidence du jury (il est également vice-président de l'association). Un succès fou pour l'édition 2012 puisqu'elle a reçu pas moins de 902 dossiers ! Cinq « Hippocampes d'or » ont ainsi été attribués.
Un ESAT hors-les-murs spécial BD
L'édition est également marquée par l'ouverture, depuis novembre dernier, de l'établissement et service d'aide par le travail (Esat) hors les murs « Images-arts graphiques » à Angoulême. À l'initiative de Mireille Malot, présidente de l'association L'Hippocampe, il accueille cinq jeunes auteurs révélés tout au long des treize années de concours. Ce projet, mené en partenariat avec l'Association départementale des amis et parents de personnes handicapées mentales (Adapei) Charente, est soutenu par les pouvoirs politiques locaux et encouragé par les entreprises partenaires de l'association, notamment la Maif.
Coup de cœur : « Y'a pas de malaise au travail »
Une BD réalisée par dix artistes de renom (et notamment Frank Margerin) pose un regard décalé, parfois irrévérencieux, et drôle le plus souvent, sur les relations entre les personnes handicapées et les valides au sein de l'entreprise. Cette initiative, portée par la Mission Handicap de la Société Générale et l'Agefiph, contribue à faire changer le regard sur les personnes handicapées au travail. Piquant au vif les travers et maladresses, sans angélisme ni mièvrerie, et sans moralisme, chaque saynète questionne le lecteur sur la façon de s'adapter aux personnes ayant un handicap. Un jeune autiste, Charles, primé de l'Hippocampe d'or à Angoulême, a pu signer son premier contrat d'auteur et publier quatre planches dans cet ouvrage. Les bénéfices de la vente seront reversés à l'association Arpeje'h (Accompagner la réalisation des projets d'études de jeunes élèves et étudiants handicapés). Dédicace par Franck Margerin le samedi 28 janvier 2012, de 15h30 à 16h30 sur le stand Steinkis, Le monde des bulles - L15.
Article original sur handicap.fr
Retour sur Rencontre-HandicapUn handicapé bloqué chez lui depuis plus de deux mois
2012-01-27 08:37:12.14

C'est un appel au secours que lance Frédéric Bourgerie sur RTL ! Cet homme de 43 ans, tétraplégique depuis treize ans, ne peut se déplacer qu'en fauteuil roulant, même chez lui. Problème : une marche de près de 40 centimètres sépare sa chambre avec le reste de sa maison (salon, salle de bain, wc).
Jusqu'à présent, un appareil élévateur lui permettait de la franchir et il pouvait donc se déplacer avec son fauteuil dans toute les pièces. Mais depuis plus de deux mois, l'appareil élévateur est cassé. Impossible pour le constructeur de le réparer : les pièces, fabriquées en Europe de l'Est, ne sont plus disponibles !
Frédéric est donc depuis "prisonnier" de sa chambre. Il a contacté la mairie, les associations de handicapés, le conseil général... Tout le monde se renvoie la balle et explique qu'il ne peut pas l'aider. Excédé, il a décidé d'entamer une grève de la faim jeudi prochain si rien ne bouge d'ici là.
Article original sur rtl.fr
Retour sur Rencontre-Handicap