Interview de Philippe Pozzo di Borgo, héros d'Intouchable
2011-12-30 09:31:01.281
Les "richesses de la paralysie", selon l'inspirateur du film "Intouchables"
Le handicap peut-il être une ouverture vers le monde et les autres ? un élan plutôt qu'un repli sur soi ? Un avantage plus qu'un inconvénient ? Oui. La réponse, paradoxale, ne fait pas l'ombre d'un doute pour Philippe Pozzo di Borgo dont le livre a inspiré "Intouchables", grand succès actuel du box-office français.
"Si je doute ou je regrette le passé, je suis mort", assure à l'AFP l'auteur, tétraplégique, du livre "Le second souffle" qui vient d'être réédité avec une nouvelle préface après le triomphe du film, où François Cluzet joue son rôle.
L'homme en fauteuil roulant s'est effectivement installé dans une nouvelle vie, entouré de sa jeune épouse marocaine Khadija, rencontrée il y a quelques années à Marrakech, et de leurs filles adoptives. Avec ses livres qu'il peut lire "à longueur de journée" grâce à une baguette dotée d'un "reposoir" spécialement confectionné pour lui.
"On ne vit que par le regard de l'Autre ça c'est clair, c'est lui qui vous donne votre existence", ajoute avec douceur M. Pozzo di Borgo, né en 1952. "Je voulais écrire un livre qui ne soit pas un simple divertissement (..) ni d'optimisme de commande".
"Le second souffle" raconte l'amitié, l'amour et les autres, handicapés ou pas. Son amitié de riche aristocrate avec Abdel - comme dans le film, où Omar Sy campe avec humour et attention Driss alias Abdel, l'aide-soignant algérien venu d'une cité parisienne pauvre. Mais aussi lamour de sa première femme Béatrice, décédée d'une rare maladie du sang, et aujourdhui celui de Khadija.
Voilà ce qui "sauve", dit-il avec humour.
Installé au Maroc depuis 2003 sur le conseil de ses médecins, Philippe Pozzo de Borgo réside près d'Essaouira (sud), sur la côte atlantique dans une belle villa blanche au milieu des vergers.
Pour arriver jusqu'à lui, il faut emprunter une piste qui longe un village à la sortie de l'ancienne Mogador, la capitale de la musique du royaume où se déroulent plusieurs festivals de musique locale et occidentale.
"Essaouira m'a été conseillée à cause de ma maladie. Cette ville est la seule au monde qui bénéficie de l'atmosphère nécessaire à mon état de santé, avec une température qui varie entre 25° maximum et 16° minimum", explique-t-il.
"Pour des raisons purement neurologiques je souffre beaucoup du climat français. Abdel m'amenait souvent avec mes enfants au Maroc l'hiver pour me soulager de mes douleurs. En 2003, il ma installé pour l'hiver, jai rencontré mon épouse et je suis resté. Et lui a rencontré son épouse et il est reparti en Algérie où il fait de l'élevage", raconte-t-il.
"Je préfère les richesses de ma paralysie à celles de ma classe"
Depuis, l'ancien homme d'affaires impatient, ex-directeur des champagnes Pommery (groupe LVMH) et héritier de deux grandes familles françaises, s'est transformé en sage. Entre-temps, il a découvert l'exclusion et la souffrance, à la suite d'une chute en parapente qui l'a laissé handicapé à vie.
"Je préfère les richesses de ma paralysie à celle de ma classe: j'ai l'impression de vivre plus intensément, d'être enfin humain", glisse encore ce privilégié, sans une trace de vanité dans ses propos.
Dans le séjour de sa maison, construite par un architecte de Guinée Bissau, trône un piano à queue. "Quand je suis triste ou que je souffre dans mon corps, j'aime écouter de la musique dans ma chambre".
Amoureux des arts dans le film comme dans la vraie vie, il s'est entouré, ici, d'oeuvres modernes d'artistes marocains.
"Si les gens applaudissent à la fin du film, je crois qu'ils s'applaudissent eux-mêmes, et finalement ils sapplaudissent les uns les autres en se disant, ben finalement c'est pas si catastrophique que ça".
"Intouchables", coréalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache, a passé la semaine dernière la barre des 13 millions de spectateurs en France.
hm/jms
Article original sur Handicap.fr
Retour sur Rencontre-HandicapL'assistance électrique design pour les handicapés
2011-12-28 10:38:19.578
Une équipe de jeunes designers japonais vient de créer un appareil capable de transformer n'importe quel chaise roulante pour qu'elle devienne à assistance électrique. Le prototype a été présenté au Tokyo Motor show, début décembre. Ce salon a reçu la visite de près d'un million de personnes.
L'objet, très design, ressemble à un casque audio géant. Il est le résultat d'une initiative entièrement financée sur Internet, via un site de crowdfunding. Ce sont des communautés sur le Web, comme Ulule en France, dont chaque membre peut devenir un micro-investisseur en choisissant de prêter ou de donner une petite somme à un porteur de projet qui a su le convaincre.
Le projet Whill d'assistance électrique pour chaise roulante a quasiment doublé son objectif de financement en récupérant presque 1 million de yens grâce au site Campfire.
Avec cet équipement, une chaise électrique peut atteindre 20 Km/h sans effort pour son conducteur, grâce à une alimentation par une batterie lithium-ion. La personne handicapée a seulement besoin d'imprimer une légère pression sur un capteur de force pour commander l'appareil.
Une fois disponible, cet accessoire permettra aux personnes handicapées de bénéficier d'une faculté de déplacement pendant deux heures, sans fatigue. Reste à savoir à combien se montra l'investissement nécessaire pour le client.
Article original sur electriclove.info
Retour sur Rencontre-HandicapUne application IPhone qui simule les déficiences visuelles
2011-12-27 11:23:21.968
Avec Eye-view, vis ma vie d'aveugle ! L'association des aveugles d'Alsace et de Lorraine lance une application IPhone pour simuler les effets du handicap visuel. Inédit...
Internet, télévision, presse écrite, affiches publicitaires colorées, design, éléments de signalétique, autant de supports de communication fondés sur le visuel, les couleurs, les formes... Or, en France, plus de 1,7 million de personnes sont atteintes d'une déficience visuelle. A l'occasion de la journée internationale des personnes handicapées, le 3 décembre 2011, l'Association des aveugles et amblyopes d'Alsace et de Lorraine (AAAL) a lancé, en partenariat avec l'Institut de la vision à Paris, une application gratuite, du nom de « Eye-view » qui permet d'utiliser la caméra de son téléphone mobile pour simuler l'environnement tel qu'il est perçu par les personnes malvoyantes, atteintes de différentes pathologies, telles que : rétinopathie pigmentaire, DMLA, glaucome, cataracte...
Sensibiliser le grand public
L'AAAL, tout comme la FAF dont elle est membre (Fédération des aveugles et handicapés visuels de France) et son département Argos-Services (spécialiste de l'accessibilité des bâtiments, de la voirie et des transports) a pour mission première de soutenir les personnes aveugles et handicapées visuelles dans les différents aspects de leur vie quotidienne et de développer les services liés à l'accessibilité des lieux publics à tous les handicaps. Mais en complément de cette mission, ces acteurs s'efforcent aussi de sensibiliser le grand public au handicap visuel. C'est toute l'ambition de cette application...
Bientôt sous Android
« Cette application se veut un outil de sensibilisation ludique, utilisable par le plus grand nombre, explique Denis LEROY, Directeur d'Argos-Services. Avec « Eye-view » qui simule les effets des principales maladies de l'œil ainsi que les défauts visuels couramment rencontrés, l'utilisateur comprend mieux les difficultés des déficients visuels au quotidien. Et chaque fois qu'une personne « normale » prend conscience des effets du handicap et comprend mieux son impact sur la vie quotidienne, c'est toute la cause du handicap qui avance ! » L'application IPhone est déjà disponible, la version Android est en cours de finalisation.
Article original sur Handicap.fr
Retour sur Rencontre-HandicapDes détenus handicapés font condamner l'Etat
2011-12-26 10:00:58.062
La condamnation infligée à l'Etat n'est pas une première. Mais c'est la première fois que la justice, en l'occurence ici le juge des référés, dispense autant de peines d'un coup à l'encontre d'une prison de première importance. Sept détenus handicapés de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), circulant en fauteuil roulant, ont obtenu des dommages et intérêts allant de 1 000 à 1 500 euros euros pour manquement au respect de la personne humaine.
L'ordonnance du juge pointe tout un tas de dysfonctionnements allant des locaux (parloirs, bibliothèque, sanitaires...) inaccessibles à la taille des cellules jugée trop petite pour les fauteuils. «Que les parloirs, les locaux de soins, la bibliothèque, la salle de culte et les installations sanitaires complétant la salle de sport et de détente sont inaccessibles aux détenus en fauteuil roulant», écrit notamment le juge.
«Une assignation à domicile» plutôt qu'une incarcération
«Cela montre que les prisons ne sont pas adaptées et pose la question de la détention des personnes handicapées», a commenté Me Etienne Noël, administrateur de la section française de l'Observatoire international des prisons (OIP). «Ne peut-on pas réfléchir à d'autres peines, telles qu'une assignation à domicile?», s'est-il interrogé.
En juin et juillet, des décisions de justice avaient sanctionné des manquements aux conditions de détention dans quatre établissements pénitentiaires. Un détenu des Baumettes à Marseille, circulant en fauteuil roulant, avait déjà obtenu une condamnation de l'Etat.
Article original sur Le Parisien
Retour sur Rencontre-Handicap