Un roman sur l'assistance sexuelle aux personnes handicapées - 30/10/2014 - partie 7 - via Vivre FM
2015-01-19 14:53:57.236
C.B. : Alors, quand il n'y a pas de cadre, et que la demande explose comme ça, c'est-à-dire que la personne est totalement est touchée directement, est-ce que c'est une agression ? Est-ce que la situation aurait pu être évitée ?
P.P. : Ca peut être évité si on fait un travail de formation dans les établissements pour qu'assez tôt, tout professionnel, et en équipe de préférence, on s'entraine à mettre des mots sur des événements en lien avec la sexualité, qu'on sait parler de la sexualité.
Car là, effectivement, le rôle d'un professionnel, ça va être de refuser, bien-sûr, c'est pas le contrat. Mais, comment on refuse ? Est-ce que c'est avec des mots cassants, jugeants, interdisants, car on a été soi-même agressé en quelques sortes par non-préparation ? Car c'est ça la définition du traumatisme, ça vient de la surprise. Et évidemment, si il y a de la peur, de l'angoisse, des mécanismes de défense rigides.
Et hop, en retour, il y a soit de l'évitemment, ce qu'il y a de plus fréquent ce qui est une forme de maltraitance, c'est-à-dire qu'on ignore tout bêtement, l'identité sexuée, de la personne qui s'est exprimée. Ou bien, il y a carrément des gestes interdicteurs, ou des mots...
C.B. : Comme cette aide-soignante, qui lui dit : qu'on ne t'y reprenne plus, qui est vraiment une réponse... Pas une réponse justement. C'est un petit peu cruel.
P.P : Ca castre. Ca castre.
C.B. : Les professionnnels, Sabrina, sont parfois démunis, dans l'instant. Qu'est-ce-qu'on peut faire ? Prendre ses distances ?
S.P. : Vous savez c'est très compliqué en réalité comme question parce que déjà, ça parle de sa propre sexualité. Bon. Et déjà on touche là à un domaine qui est particulierement compliqué, il ne faut pas croire que la sexualité c'est simple pour tout un chacun non plus.
Y compris pour les soignants, y compris pour les valides. Voilà. Donc déjà on touche un sujet qui est compliqué pour la personne, et même pour la soignante. Quel rapport on a à son corps ? A sa sexualité ? Est-ce qu'on est plutôt à l'aise ? Quels sont les tabous qu'on a ? Qu'on a pas ?
Quels sont les désirs qu'on a ou pas ? Donc c'est déjà toute la question de la sexualité du soignant. Il faut déjà dépasser ses propres peurs, pour pouvoir en parler avec d'autres. C'est-à-dire qu'on va être à même de pouvoir s'exprimer sur la sexualité quand on est à l'aise avec sa propre sexualité.
Source : http://www.vivrefm.com/podcasts/fiche/8655/un-roman-sur-l-assistance-sexuelle-aux-personnes-handicapees
Retour sur Rencontre-HandicapUn roman sur l'assistance sexuelle aux personnes handicapées - 30/10/2014 - partie 6 - via Vivre FM
2015-01-06 11:19:54.885
P.P. : Alors, donc là, ce que j'ai commencé à expliquer, la rencontre dont nous parlons, ce n'est pas dans le cadre du soin. C'est une rencontre d'assistance sexuelle, qu'elle a accepté. Et puis, chaque assistante, ou accompagnante et accompagnant, parce qu'il y a des
hommes aussi, fixe lui-même ses limites. Donc la personne potentielle bénéficiaire dit ce qu'elle aimerait vivre, et chacun fixe ses limites. Donc il y a des personnes qui vont dire : moi je peux te donner des caresses, des massages sensuels érotiques mais moi je garde toujours un sous-vêtement par exemple.
Il pourrait y avoir des corps-à-corps, mais je ne fais pas de pénétration, ni de nudité totale. Donc là c'est à chacun, on est dans un champ de liberté réciproque, et surtout de respect réciproque
C.B. : Un élément antérieur, relaté dans le livre, où Emilie, la toute première fois, un jour où elle faisait la toilette à un résident, il avait plongé son nez dans sa poitrine en la serrant très fort, et ça a été perçu par les collègues qui sont arrivés très vite, autour, vraiment
comme le mot est lâché dans le roman, comme une agression.
P.P. : Une agression, voilà c'est ça, c'est 20 ans auparavant qu'il est arrivé ça à Emilie, alors qu'elle était jeune professionnelle, et c'est des évènements très fréquents dans le milieu de soin, d'établissement de soin, d'être sollicité parfois parce que la grande dépendance, en particulier motrice, exige finalement
des soins du corps, quotidiens, donc des gestes intimes. Et inévitablement, des adolescents, de jeunes adultes, des adultes d'âges plus avancés, sont totalement privés de vie affective et sexuelle, et sont au contact, tous les jours, du corps de personnes des fois du même âge, donc
forcément ça ne laisse pas indifférent, et c'est réciproque.
Retour sur Rencontre-HandicapUn roman sur l'assistance sexuelle aux personnes handicapées - 30/10/2014 - partie 5
2014-12-22 15:04:57.219
P.P. : Et puis on aboutit parfois à des rencontres, où il y a des choses joyeuses qui se vivent.
C.B. : Des moments en tous cas humains très forts, on le voit, et on le verra à travers quelques éléments du roman, qui encore une fois sont inspirés de la réalité. Ce qui est certain, Sabrina Philippe, c'est que pas mal de nos auditeurs, en situation de handicap
lourd notamment, ont exprimé ce besoin. Voilà, il ne faut pas fermer les yeux sur ce sujet la. Beaucoup nous ont dit : "j'ai besoin d'une sexualité".
S.P. : Mais bien évidemment on a tous besoin d'une sexualité, et ça c'est un droit de chacun de pouvoir y accéder, et c'est fondamental. Ca fait partie de la vie, donc c'est une très belle initiative que vous avez là.
C.B.: Quelques extraits du roman, pour nourrir la discussion, et pour imaginer ce qui peut être issu de témoignage de la vie réelle. Un élément qui concerne Damien ; je crois que c'est un jeune homme qui est en fauteuil qui a demandé si il pouvait à la douche d'Emilie, une soigante à la base.
P.P. : On notera qu'elle n'est pas soignante, au moment de la rencontre. Justement l'assistance sexuelle, c'est d'éviter la confusion des rôles.
C.B. : Elle accède à sa demande, et qu'est ce qui pousse Emilie à faire ça ? Et comment vit-elle cette demande, qui surprend, d'un coup ?
Retour sur Rencontre-HandicapUn roman sur l'assistance sexuelle aux personnes handicapées - 30/10/2014 - partie 4
2014-12-01 11:06:04.384
C.B. : Avec des situations plutôt réelles, des personnages plutôt fictifs, et peut-être l'assemblage de personnes que vous avez rencontrées. L'assistance sexuelle aux personnes handicapées est légalisée en Suisse, aux Pays-Bas, au Danemark, dans certains Etats-Unis et pas en France.
Est-ce que vous voulez les convaincre, les autorités françaises ? On a beaucoup reculé en France, dans une optique de lutte contre la prostitution.
P.P. : Alors oui effectivement, je milite au sein de plusieurs associations. En Suisse, on se libère, on a lancé une formation. En France, il y a aussi le Collectif Sexualités et Handicaps qui a pour but d'interpeller les politiques et de faire évoluer la législation par rapport à ctte pratique.
Donc de fait j'y suis favorable, je pense que si elle est bien construite, qu'on a le droit de se réunir et d'en parler, mais de servir d'être intermédiaire, puisque le droit français nous l'interdit. Nous sommes alors assimiliés à des proxénètes. Et si on est un intermédiaire justement : psychologue, sexologue, bénévole formé à l'écoute, pour élaborer la demande, orienter, construire ; dire quelques fois : non ça ne va pas être ça la réponse, vous pouvez vivre des choses différentes..
Si il n'y a pas cet intermédiaire là, ça va être effectivement, difficile de construire une démarche cohérente avec un cadre, et du coup une démarche sérieuse. C'est-à-dire qu'on part d'une situation douloureuse : privation de toute vie affective et sexuelle, on met en place une démarche sérieuse d'écoute et de construction du cadre, et puis on aboutit parfois à des rencontres où là il y a des choses joyeuses qui se vivent.
Retour sur Rencontre-Handicap